Tourisme au Panama, une famille de voyageurs découvre le Darién du Panama (2) Première journée

Publié le par Michel Lecumberry

  La portion de la Panaméricaine entre Panama et Metetí, que nous devons parcourir, est en travaux sur plusieurs tronçons. Aménagement de la voie, construction de ponts élargis et, ce qui s'imposait le plus, réfection du revêtement goudronné. Avec Florence, Eric et leurs deux jeunes fils Léo et Thomas que je vais accompagner durant quatre jours nous quittons la capitale de bonne heure pour pouvoir profiter pleinement de la première après-midi passée dans le Darien. Pour déjeuner, il faut atteindre Boca de Lara, le village d'une communauté Wounaan situé au cœur de la forêt sur la rive du Río Sabana.
arrivée
  Rendez-vous a été pris avec Michel Puech*1 à hauteur de Santa Fé. Pour nous éviter le détour de l'itinéraire classique, près de deux heures de route supplémentaires et une bonne heure de pirogue sur le fleuve, il va nous descendre directement au village par une piste improbable, réputée impraticable par temps de pluie. Il faut son vrai bon vieux 4x4, son talent et surtout sa grande habitude pour se jouer des piégeuses ornières et autres gués de rivières. Par endroit c'est un peu rock'n'roll, l'aventure commence.
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  Nous arrivons à bon port*2 juste à l'heure de calmer les petites faims naissantes. Les cuisinières locales ont préparé ce qu'il faut pour se régaler et refaire le plein de forces nécessaires pour la suite. Au programme de l'après-midi: en contrebas sur le fleuve, un atelier-formation à la pêche aux "camarones de río"*3 pratiquée au filet épervier.
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  L'apprentissage débute avec quelques difficultés, dans un flop décourageant, le petit vrac de mailles au pourtour plombé tombe plus souvent aux pieds des intrépides néophytes qu'il ne s'envolle. Mais très vite, l'engin commence parfois à se déployer en corolle au-dessus du fil de l'eau. Puis quelques prises, certes de tailles modestes mais suffisantes pour susciter une joyeuse excitation, viennent récompenser les efforts de nos deux jeunes aventuriers en herbe. Les talentueux initiateurs, Bahodilio Pissario et son fils Neldo, semblent satisfaits de leurs élèves d'un jour. Gare aux malheureuses écrevisses, qui parait-il réapparaissent dans certains cours d'eau français, Léo et Thomas seront bientôt de retour au pays!
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 Dès le retour des pêcheurs émérites vers la grande case d'accueil, une cloche rudimentaire donne le signal. Les femmes Wounaan arrivent des quatre coins du village pour présenter l'artisanat traditionnel local. L'étal se fait à même le plancher de bois. Assises en arc de cercle, elles disposent leurs fines vanneries de couleurs, des plus petites aux plus grandes, certaines ont nécessité des années de travail quotidien, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. La plupart d'entre elles proposent aussi les sculptures de tagua*4 et de cocobolo*5 réalisées par les hommes. Un marché artisanal on ne peut plus authentique, ici pas de matière plastique ou de "Made in China".
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Une œuvre d'art de Yanibeth
 
Après une agréable visite du village en compagnie de jeunes qui tiennent à guider Léo et Thomas, voilà à nouveau le valeureux 4x4 à l'assaut de la piste ravinée qui cette fois s'élève. Direction Metetí pour bientôt arriver au Filo del Tallo. Le confortable lodge de Michel est situé au sommet d'une colline adossée aux contreforts d'une petite chaine montagneuse couverte de forêt primaire. C'est l'heure de l'apéritif, le site est idéal pour le déguster au moment d'admirer un magnifique coucher de soleil sur la plaine environnante piquetée d'arbres, ombres chinoises majestueuses. Le délicieux repas suivi d'une toute aussi conviviale veillée et la quiétude de la nuit qui suivra mettront les aventuriers en idéales conditions pour affronter les découvertes du lendemain.

(suite)
Retour sur le prologue

Notes:
*1- Voir l'article de Michel, "le père" du tourisme dans le Darien. Ici son interview
*2- Expression utilisée ici à double sens, le village est aussi parfois appelé Puerto Lara
*3- Traduction: crevette de rivière. Décapode très répandu dans les fleuves et rivières du Panama. Nom scientifique: Macrobrachium americanum Bate
*4- Tagua, palmier Phytelephas seemanii dont la graine séchée donne l'ivoire végétal. Voir article
*5- Bois exotique précieux: Dalbergia retusa genre de la famille Fabaceae  (palissandres) 

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Bahodilio Pissario, le pêcheur

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Neldo, son fils

 

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