Le Darién, au Panama c'est le dernier refuge de la forêt primaire et de sa faune
Le Darién
Épaisse jungle tropicale, le Darién est la province la plus isolée et la moins développée du Panamá. Bien que les gouvernements panaméen et colombien soient parvenus à une entente prévoyant une liaison terrestre entre les deux pays en prolongeant la route Panaméricaine à travers le Darién, le projet a été suspendu sine die en 1994 par le gouvernement panaméen.
En 1986, une route non revêtue atteignait déjà Yaviza, à seulement 24 km du parc national du Darién. Les mises en garde de nombreuses associations de protection de la nature ainsi que la désapprobation du projet par d’éminentes personnalités semblent avoir eu pour effet de faire réfléchir les gouvernements concernés. Aussi, il apparaît aujourd’hui de plus en plus clairement qu’une telle réalisation ne serait pas sans danger pour la biosphère et qu’elle entraînerait à long terme la disparition d’une des plus grandes richesses que compte l’humanité. Consciente de la valeur inestimable du territoire, l’UNESCO a inscrit en 1981 le parc national du Darién sur sa prestigieuse Liste des sites du patrimoine mondial (réserve de la Biosphère).
Face aux signes avant-coureurs que nous lance la nature (diminution inquiétante de l’épaisseur de la couche d’ozone, disparition d’espèces rares, appauvrissement des sols, etc.), l’homme semble prendre conscience de la nécessité de préserver l’environnement pour son bien et celui des générations futures. Ironie du sort, la célèbre route Panaméricaine, qui était censée symboliser l’entente entre deux nations, semble s’être définitivement arrêtée à Yaviza. Espérons qu’il en restera ainsi et que les responsables panaméens et colombiens réaliseront que le rapprochement entre deux peuples peut également se faire en vertu d’une mission commune: celle de la préservation de la plus belle faune et de la plus belle flore des Amériques.
L’un des attraits de la région du Darién réside dans la richesse de sa faune et de sa flore. Il est important de savoir que cette région n’est pas un jardin exotique où il suffirait de se promener en toute sécurité pour voir apparaître des oiseaux ou des animaux de toute sorte. Il s’agit plutôt d’une véritable jungle où la chaleur humide et la végétation envahissante rendent les déplacements laborieux. D’ailleurs, il serait erroné de croire que la forêt dévoile ses richesses si facilement.
L’observation des oiseaux exotiques ou des autres animaux demande en effet une connaissance approfondie du territoire. C’est pourquoi, afin d’apprécier la région, il est important de louer les services d’un bon guide. De plus, ce dernier assurera votre sécurité dans cette jungle qui n’est pas sans risque. Une fois ces précautions prises, vous pourrez pleinement profiter de l’environnement magnifique qu’offre le Darién.
Les Indiens Emberás et Wounaans habitent le territoire du Darién. Ils vivent en ville, si tant est que l’on puisse appeler "villes" ces gros villages de bout du monde. Ils demeurent aussi le long des nombreux cours d’eau qui parcourent la jungle.
Les Indiens Emberás et Wounaans
Ceux que l’on appelait jadis les Chocoes (terme connoté péjorativement de nos jours) peuplent les jungles du Darién, à cheval sur le Panama et la Colombie voisine. Ils se divisent linguistiquement en deux groupes: les Embera et les Wounaan. Ils possèdent leurs propres Comarca ou territoires, où ils jouissent d’une certaine liberté d’action, sans pour autant être complètement autonomes. Au nombre de deux, ces territoires sont situés à la limite du parc national du Darién. Il s’agit de la Comarca Embera District Cemaco, à l’est, et de la Comarca Embera District Sambu, à l’ouest. Une aura entoure ces peuples, qui vivraient toujours selon des traditions ancestrales. En réalité, s’il existe encore quelques communautés sans grand contact avec le monde extérieur au sein du parc national du Darién, la majeure partie d’entre-elles s’ouvre aujourd’hui au monde moderne, regardant la télévision tout en continuant à se peindre parfois le corps au jagua (Genipa Americana), ce fruit qui sent bon le chocolat fondu quand on le brûle!
En certaines occasions de réjouissance, les hommes de ces communautés portent différentes décorations faites de dents d’animaux, de plumes et de coquillages. Des bracelets d’argent d’une largeur exceptionnelle sont également portés, ainsi que des boucles d’oreilles. Ces boucles, en forme de demi-lune et auxquelles sont accrochés une série d’autres objets de formes diverses, sont maintenues grâce à deux bâtonnets perçant les lobes et reliés entre eux par une ficelle longeant la nuque. Les plus anciens portent encore le Guayuco, ce cache-sexe traditionnel.
Mais ce sont les femmes qui perpétuent le plus les traditions, y compris dans leur vie quotidienne. Elles portent toujours une partie du costume traditionnel, le paruma, sous forme de tissu coloré enroulé autour de la taille. Et elles n’hésitent pas à se peindre le corps au jagua pour chasser les moustiques.
Les femmes confectionnent également des paniers en fibre végétale d’une qualité remarquable, tandis que les hommes sculptent de petites figurines en ivoire végétal (tagua) et en bois de cocobolo.
Dans la capitale La Palma ou dans les villages de quelque importance tels qu’El Real ou Yaviza, la population se compose à majorité de descendants des cimarrones, ces anciens esclaves noirs qui s’étaient échappés durant la colonisation espagnole. La plupart ont trouvé refuge en ces lieux difficilement accessibles à l’époque et s’y sont établis comme fermiers.
Malheureusement, depuis plusieurs années déjà, face à l’appauvrissement des terres dans la péninsule d’Azuero, beaucoup de fermiers sont venus s’établir dans la province de Darién, surtout autour du gigantesque golfe de San Miguel. Appliquant les mêmes méthodes d’exploitation (déforestation intensive et technique de la terre brûlée), ils sont en passe de reproduire les mêmes résultats qui les forcèrent à émigrer. Ce danger est d’autant plus grand que les grandes compagnies forestières, toujours à la recherche de bois de qualité, exercent de fortes pressions sur le gouvernement en promettant des emplois et d’importantes rentrées d’argent.
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