Interview de Michel Puech

Publié le par Michel Lecumberry

  Lundi dernier, de retour d’une journée d’exploration, bien installés sur la terrasse de son lodge du Darien, le Filo del Tallo, partageant avec nos hôtes voyageurs-aventuriers un apéritif réparatoire et sympathique nous conversions à bâtons rompus en compagnie de notre hôte, Michel Puech.

photo3                     Filo del Tallo (Darien), un jeune Faucon Blanc élevé puis relâché

  Au détour d’un récit de balade, je lui posais la question : te rappelles-tu quand et où nous nous sommes rencontrés ? Moi je n’avais pas la réponse, tant il me semble que nous nous connaissons depuis toujours, en tous les cas depuis que j’ai mis le pied sur ce pays qui, depuis plus de dix ans, parsème tout partout des petits bouts de papiers adhésifs. Tous ces pétales de "scotch double face" qui me retiennent, prisonnier volontaire du Panama. A l’époque, Michel avait une petite maison de week-end sur Isla Grande, toute proche de Portobelo où Txango-le-Bateau venait faire ses provisions entre deux séjours de rêve aux San Blas. Les gens de voyage et d’aventure ne tardent jamais à se rencontrer… ici, ailleurs ou autre part… c’était donc par là et à cette époque…

photo4                 2012 Février, Darien en route vers les chercheurs d’or

  Depuis la mise en ligne de ce blog, je patientais, rongeant mon frein, pas question d’évoquer cette région, dernier refuge de la vraie jungle panaméenne sans que ce soit Michel, le papa du tourisme d’aventure dans le Darien qui s’en charge. Mais l’homme bourlingue encore beaucoup, fallait être patient. Comme cette semaine il m’a demandé de prendre en charge une petite famille de voyageurs*1 pour leur faire découvrir cette extraordinaire région, je l’ai eu sous la main, le bougre, pour l’interviewer et lui demander de faire un article d’introduction. Enfin ça y est !

  Le Puech, il est du Sud Ouest, là où des torrents de cailloux roulent dans nos accents comme le chantait notre Nougaro régional. Plus exactement de Mazamet, représentant la quatrième génération d’une famille de tanneurs. Il a appris le métier à l’école de Tannerie de Lyon. L’envie de voyage lui picote vite les pieds, il décide de partir travailler hors de l’hexagone en 1974, après 10 ans de travail en France.

photo1                 1967 en Lybie oasis de Techsiba (Fezzan) Réparation de la 2CV

  Auparavant il a bourlingué, voyageant par ses propres moyens en voiture, pardon en deudeuche*2, à travers tout le Moyen Orient, dans le Sud de la Lybie (juste avant Kadhafi), deux fois en Afghanistan et Pakistan. Le tout couronné par un travail au Fezzan pour Theodore Monod en 1967.

  Accompagné de son épouse et de leur fille de sept semaines, il pose son sac au Panama en 1974 après un tour d’Amérique Latine en bus pour chercher un travail correspondant à ses capacités et connaissances. Dur travail que la tannerie, après avoir travaillé dans trois boites différentes, le constat est au rendez-vous : perte de 55% de ses capacités respiratoires.  Les produits chimiques inhalés pendant 35 ans ça ne pardonne pas. Ras le bol, on plaque tout ! (bienvenue au club…). Après une convalescence d’un an, Michel devient Tour Operator réceptif, spécialiste du Darien, des Wounaan, Embera et Kuna.

photo2

             Premier voyage au Darien en 1976

   En 2007, construction du Lodge Filo del Tallo situé sur les contreforts des montagnes de la réserve forestière du même nom. Là même, où après un amical diner mêlant bonne bouffe, bons vins et carambolages de récits de voyageurs, j’écris ces quelques lignes dans la quiétude d’une soirée toute Darienne, sous le regard vigilant des grands Cuipos*3, la garde prétorienne de cette somptueuse région.

 

Notes :

*1- j’ai prévu de raconter cette aventure vécue avec Thomas (8 ans), Léo (10 ans) et leurs parents dans de très prochains articles

 

*3- le grand arbre symbole du Darien, dominant les paysages. Il s’agit de Cavallinesia platanifolia (qui, vu l’ampleur de son tronc lisse, est appelé l’arbre patte d’éléphant par les indigènes)

 

 

 

Interview de Michel

 

Pourquoi et comment es-tu venu au Panama? 

Pour travailler, après un tour d’Amérique Latine en bus pour juger de toutes les possibilités de boulot.

Et pour quelles raisons es-tu resté? 

Une excellente qualité de vie à Panama

Durant ces années passées ici, quel a été ton plus beau coup de cœur ?

Le Darien et ses forêts

Et, par contre, y a-t-il, un coup de gueule que tu aurais aimé pousser ?  Descendre tous les camions de bois qui sortent du Darien,  sais-tu qu’il n’y a plus de Cocobolo au Darien ?

Que dirais-tu à un ami pour l’inciter à venir passer des vacances au Panama ? Je ne dis à personne de venir à Panama, je préfère  le garder pour moi (ne correspond en rien au personnage, sûrement que Michel a omis de coller un … n.d.r.)

Quel est ton point de vue au sujet du développement du tourisme au Panama ? Le faire en douceur, sans  tourisme de masse.

Si tu quittais un jour le Panama, trois images que tu emporterais dans le cœur ? 

Je vais mourir ici, j’ai demandé que mes cendres soient jetées dans le Golfe de San Miguel (Darién, n.d.r.)

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