Christophe Colomb découvre la baie de Portobelo (Mise à jour)

Publié le par michel lecumberry

    Plusieurs parutions seront nécessaires pour évoquer  le passé historique très chargé de Portobelo. En guise de préambule, voici une petite "pré-histoire".
 

Photo d'une réplique de caravelle du temps de Christophe Colomb
Réplique d'une caravelle

  Depuis trois jours la tempête tropicale fait rage. Les quatre caravelles de la flottille, pauvres petits bouchons de liège, sont les jouets des dieux de la mer et du vent, tantôt jetées au ciel, tantôt plongées au creux des vagues de furie, au bord du naufrage.         

Reproduction du tableau "Le cosmographe" peint par Emile Lassalle
Le cosmographe

En cette fin d’octobre 1502, l’Amiral des Indes qui, durant un an d’errance, vient de reconnaître la côte ouest de la mer des Caraïbes, toujours à la recherche d’un passage vers l’Asie, est à l’automne de sa vie d’aventure. Christophe Colomb, le magnifique découvreur, gît sur sa couche sous un abri improvisé à l’arrière du pont de la “Capitana”, malade, rongé de fièvre et hanté par les dernières mésaventures de son troisième voyage. Il a été déchu de son poste de Gouverneur d’Hispañola, mis aux fers et ramené en Espagne. Le roi Ferdinand et la reine Isabelle, ses protecteurs, lui rendent ses titres mais pas les fonctions de Gouverneur et de Vice-roi.
 
Il a entrepris ce quatrième et dernier voyage pour réussir enfin à rencontrer le Grand Khan, mais le cœur n’y est plus.

Carte du 4eme et dernier voyage de Christophe Colomb


 Fernando, son fils de quatorze ans, est près de lui et rédige chaque jour le livre de bord qui nous sert aujourd’hui de témoignage. Son frère Bartolomé, fidèle cartographe de talent, le soutient aussi dans cette ultime aventure, mais sa caravelle “Bermuda”*, en très mauvais état, est hors de vue. La pluie torrentielle érige ses murs d’inquiétude. Les guetteurs, allongés à la proue, ne peuvent distinguer ni les autres caravelles, ni la terre, où l’on essaye vainement de se réfugier. On redoute aussi les récifs de coraux, pièges effrayants même par temps calme et clair. Les cent quarante hommes de la flottille vivent depuis trois jours et trois nuits l’enfer de ce qu’ils pensent être le prélude à la mort.

Photo de la statue de Christophe Colomb dans la ville de Colon au Panama
La statue de Christophe Colomb dans la ville de Colon au Panama

Voiles déchirées, gréement vermoulu et coque minée par les tarets, pas d’autre alternative que de rester “en fuite dans le lit du vent”, à sa merci, en invoquant la clémence de Dieu.
  
Tout à coup, un des guetteurs, les yeux brûlés de sel, annonce qu’il croit apercevoir une lueur et entendre le tonnerre. Des vagues brisant sur un récif ? L’Amiral se fait porter à l’avant, tous redoutent le pire. Difficile, impossible de modifier la route du destin, espérer, c’est tout.
  
Petit à petit la lueur se fait grignoter par une clarté, le jour va se lever, on devine un bout de côte, on y souhaite un abri. La pluie et le vent, aussi soudainement qu’ils s’étaient abattus sur les fragiles embarcations, se taisent. Sur bâbord, à peine évité, un récif montre les dents et brise les vagues couronnées d’écume. Sur tribord, second miracle, une baie offre son abri. “La Capitana”, la “Viscayna”, la “Bermuda” et la “Gallega” se retrouvent au mouillage.
  
Au fond de la baie, un petit village d’indigènes s’éveille. Les Cueva**, sûrement surpris par la taille de ces bateaux, viennent sur leurs pirogues proposer des fruits et de l’eau.
  
Ce jour là, le 2 novembre 1502, subjugué par la beauté de cette baie cernée de collines d’où ruisselle une végétation luxuriante, Christophe Colomb, jamais en panne d’imagination pour baptiser ses découvertes, fait noter à son fils: Belporto, accompagné d’une petite note: “...la plus belle chose que vous ayez jamais vue”.

Ainsi commence l’histoire de Portobelo...

Carte établie par Bartolomeo Colon qui mentionne le passage a Belporto, devenu Portobelo au Panama
Carte établie par Bartolomeo Colon

 

Photo aérienne de la Baie de Portobelo au Panama
La Baie de Portobelo de nos jours

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Notes
* "Bermuda" était le surnom du bateau "Santiago de Palos"
** On estime que les Cueva représentaient quelques 50% de la population indigène du territoire correspondant au Panama actuel, soit environ 500 000 personnes. Peu d’années après l’arrivée des Espagnols, ils avaient tous disparus…

- Le tableau "Chistophe Colomb, le cosmographe" (1839) est du peintre français Emile Lassalle, il fut offert à la Cathédrale de Séville par le roi Louis Philippe

- La statue de Christophe Colomb se trouve sur Avenida Central à Colón

Publié dans Portobelo

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