Fête du Cristo Negro de Portobelo (2), la procession nocturne

Publié le par Michel Lecumberry

    Vingt heures précises!
   Salué par les cloches et par des feux d’artifice, encouragé par une fanfare de cuivres et tambours, le Cristo Negro sort par la porte principale de la grande église. Une immense clameur de la foule qui l’espère depuis des heures l’accueille.

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    Devant le cortège les pénitents marchent pieds nus, portant de lourdes croix ou des châsses renfermant une effigie de leur Nazareno, d’autres progressent à genoux ou en se roulant par terre. Plusieurs ont la tête et le dos couverts de cire chaude que leurs accompagnateurs font tomber de cierges qui brûlent. Ils précèdent le char porté à dos d’homme qui va serpenter dans les petites rues bondées de pèlerins.

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    La statue est suivie d’une longue procession, l’ambiance est recueillie mais joyeuse. Perdus dans la cohue, les musiciens de la fanfare répètent inlassablement le thème lancinant qui rythme la progression du cortège. Celui-ci tout entier suit les lents mouvements ondulatoires de la “anda”, la cinquantaine de porteurs, agglutinés dans l’effort, font trois pas chaloupés en avant suivis de deux pas chaloupés en arrière. Image d’un navire voguant sur un océan de lumière?* Comme à Séville fusent des “saetas”, ces cris jaillis de la foi d’une gorge anonyme perdue dans la foule, ou tombant d’un balcon.

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    Le char s’arrête régulièrement, des porteurs épuisés se font remplacer, on se bouscule, il y a souvent plus de candidats à l’épreuve que de places disponibles.
   Les yeux de la statue où se reflète la lueur des milliers de cierges percent la nuit, le regard semble brillant de larmes et exprime une grande souffrance. Et l'on peut comprendre l'émotion des pèlerins qui, la gorge serrée, pris dans une marée de dévotion, reçoivent le message d'amour du regard de leur "Vieil Homme".

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   Suivant la tradition, le Cristo Negro rentre dans l'église alors que minuit sonne. Il va retrouver sa place d'honneur tandis qu'au dehors éclate un magnifique feu d'artifice. C'est le début des réjouissances, jusqu'au lever du soleil, on va danser, boire et débusquer sa chance aux mini casinos des trottoirs.

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    Au matin, sur le parvis de l’église, s’amoncellent les tuniques des pénitents laissées en offrande. A l’intérieur, les sacristains grattent le sol de et récoltent quelques centaines de kilos de cire. Dans les rues et sur les places c'est un autre genre d'offrandes que la foule des fêtards a laissé: tapis de canettes d'aluminium, de boites repas en polystyrène, et déchets en tous genres. A leur tour, les préposés de la voirie commencent leur long chemin de croix…

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   Quelques silhouettes mauves, un peu flétries, émergent d’une fin de nuit passée à la belle étoile.
   Portobelo va retrouver sagement ses couleurs naturelles.

    La fête est finie mais la petite ville résonne encore de cris repris en cœur :

           Viva Cristo Negro ! Viva!

                 Viva Nazareno ! Viva!

Publié dans Portobelo

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E
<br /> un très beau voyage merci de ce partage<br /> <br /> <br />
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