Embera Quera, la fête au village. (1) La bénédiction

Publié le par Michel Lecumberry

   - Il nous faudra rebâtir cette case d’accueil ! Trop vite construite, un peu bâclée, devenue vite trop petite…
   Durant toute la saison dernière, Emegildo Amagara, le chef du village, Emberá-Querá* m’annonçait son projet à chacune de nos visites. Il y a un mois, la grande hutte communautaire, qui, à l’image de tout le village, venait de souffler ses trois bougies, laissait la place au squelette encore famélique de celle qui la remplacerait. Les quatre longs bambous de l’échafaudage indiquaient fièrement au ciel les prétentions -qu’il devra respecter- du futur "gratte-ciel" local.

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   A la lecture de ces lignes, nombreux seront les voyageurs venus ici en ma compagnie qui penseront aux souvenirs engrangés sous l’ancien chaume protecteur lors d’amicales rencontres. Premiers pas de danse Embera, première émancipation osée, exhibée par un tatouage tribal (heureusement temporaire…), succulents repas dégustés à mains nues et autres partages colorés. Sans oublier, pour nous les photographes amateurs, les ronchonnements engendrés par ce foutu contraste entre ombre et lumière gâchant trop souvent par sa violence nos clichés tant désirés.

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   Il y a quinze jours, Atilano, le responsable "tourisme" du village me confirme par téléphone la date de l’inauguration de la nouvelle hutte et m’invite gentiment en tant que fidèle visiteur d’Emberá-Querá. Un ami navigateur de passage à Portobelo, sera ravi de m’accompagner. Jean, depuis quelques années, laisse batifoler son voilier dans de moelleux mouvements d’essuie-glaces entre San-Blas et Cartagena et connait donc bien les Kunas mais pas encore les Emberas, c’est une occasion rêvée !

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   La nouvelle grande hutte est splendide et magnifiquement décorée. Première surprise : une présence ecclésiastique. Des nonnes et un prêtre ou un pasteur ? N’étant pas un spécialiste de la chose religieuse je dois me renseigner. C’est bien un prêtre et une congrégation catholique. Après un petit laïus, Monsieur le Curé de la petite ville voisine va bénir le bâtiment puis, un à un, tous les membres de la communauté qui font cercle. Ouf ! Il n’y a pas encore de shaman dans le village… asperger d’eau consacrée un sorcier, un curé oserait-il ? Sur sa lancée, il me bénit aussi, sait-on jamais… et l’appareil photo goûte aussi à la douche purificatrice.

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   eq-inog9   Au signal d’Emegildo, en grand tatouage de cérémonie, les musiciens s’emparent des flutes et tambours, les femmes se positionnent en file indienne (et un pléonasme, un !).

eq-inog12   Le beau serpent emplumé de fleurs d’hibiscus, Quetzalcóalt bien vivant, va s’enrouler lascivement autour de chacun des quatre piliers traditionnels qui ne sont pas ceux d’un temple.

eq-inog11eq-inog10    C’est bien une salle des fêtes ! Elles y seront dédiées aux amis voyageurs qui viendront échanger avec leurs hôtes amérindiens les témoignages de cultures si différentes…
   Un photographe "officiel" ose braver le fameux contraste pour la photo souvenir, occasion d’un contre-champ.

eq-inog22   Moins téméraire, je demanderai à mes amis Emberas de poser au soleil devant leur nouvelle maison d’accueil.

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  Puis viendront danses et jeux d’enfants, pour me donner l’opportunité d’un article

à suivre…

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Note: * traduction: Parfum Embéra

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