Embera Quera, la fête au village. (2) Danses et jeux
Les bonnes-sœurs ne sont pas venues les mains vides. Il y aura distribution pour chaque famille d’un sac en plastique bleu rempli de vêtements recyclés, pochettes surprises style Emmaüs.
Ceci donnera lieu à des cocasseries. Natanael, jeune ado, parti se vêtir en quelques minutes revient vers moi essoufflé. Pantalon de toile claire, qui pourrait servir aussi à son frère ainé, je veux dire contenir les deux frangins à la fois, chemise blanche, col amidonné et manches servant avantageusement de mitaines, une cravate pendouillant autour du cou :
- Mitchell, tu veux bien me montrer comment faire le nœud ?
J’entends ricaner ici mes proches, sachant que j’ai dû et ce dans des temps très lointains, n’avoir à nouer une limace que pour des occasions pouvant se compter sur les doigts d’une main, sans arriver toutefois jusqu’à l’auriculaire*. Je devais par la suite rapidement découvrir que même les gens dits ou se disant "importants" peuvent vous écouter sans que vous arboriez cet appendice plus que conventionnel… Bref !
Gentiment je lui bredouille un nouage des plus chicos. Par compassion, le curé devrait apprécier cet élan du coeur, je ne le prends pas en photo. Car, pas très confiant dans l’avenir de l’humanité en cette période de globalisation aigüe, plutôt pessimiste quoi… j’ai un flash refreinant: Natanael en 2022, formaté, arrivant cravaté, attaché-case en main pour le rendez-vous sollicité auprès d’un fondé de pouvoir d’une banque mondiale de la capitale**, histoire de pleurer un prêt pour éviter de licencier une dizaine de ses salariés. Faute à la nième "plus grande crise économique mondiale". Sortons de ce sordide futur imaginé, pour ce faire j’ai un bon remède : se répéter façon Coué : le pire n’est jamais certain.
Une ONG a choisi, elle, de distribuer stylos billes, crayons de couleurs et livres illustrés. Un à zéro, la balle au centre !
Mon ami Jean, en vieux loup de mer (pardon pour le vieux, Jean, tu le sais, c’est une simple expression…) sort ses ficelles pour consensus joyeux.
En fait, c’est un quarter US qui sort de sa poche. Première étape : faire disparaître la pièce ! En cercle, les juvéniles visages forment échantillons, le sceptique, le ou la crédule, l’interloqué, le "tu me la fais pas, y’a un truc et je vais le découvrir" ou encore la belle émerveillée.
Deuxième étape : tester les réflexes pour gagner la piécette. La joie est au rendez-vous.
D’autres enfants bouquinent déjà ou tapent la capsule sur le sol damé, variante locale d’un pile ou face.
Et comme toujours, tout finira par de la musique et des danses. Un faux pas ou deux et hop ça y est Jean ! Tu as le bon rythme! Comme ton Silent Way balançant, tout cool par doux alizé venant ¾ arrière, sur la douce houle de la caraïbe.
Bien sûr, le Monsieur "Clic clac Kodak" (réminiscence d'un slogan du temps de la réclame) sera sollicité de toutes parts, sachant qu’à l’occasion de ma prochaine visite il y aura distribution de photos sur vrai papier glacé.
Puisque vous insistez gentiment, je vous en passe quelques unes dans un troisième et dernier article consacré à la "Fête au village Emberá Querá" le village au Parfum Embéra…
article 3, plus de photos
Notes :
* Un panaméen aurait écrit "jusqu’au pouce" puisque qu'ici l’on compte avec ses doigts de l’auriculaire "un" jusqu’au pouce "cinq".
** Natanael aura le choix, il y a déjà plus de 80 banques présentes au Panama ! La seule banque française, la BNP Paribas vient de se retirer de ce pays au prétexte qu’il est encore sur la liste grise des paradis fiscaux.
Petit cocorico compensatoire: Alstom vient de décrocher le contrat du prochain Métro de la ville de Panama !