Le sellier de Pénonomé
"Selle de riche, selle de pauvre, il ne faut oublier personne". C’est sur ces fortes paroles qu’il prit congé de nous.
Dans une épicerie de Pénonomé nous étions en train de contempler une superbe selle de cheval qui apparaissait sur la publicité d’une bière locale, quand un monsieur d’une soixantaine d’années nous aborda et sans nous demander notre avis nous éclaira sur la fabrication de la selle en question. Il avait autorité en la matière puisqu’il était artisan sellier.
En amont de son propre travail, il y a aussi celui du fabricant de boucles et étriers, celui du menuisier qui livre une ossature grossièrement ébauchée, toujours en bois de manguier, ensuite affinée par lui et enfin le fournisseur de cuir, ce cuir que l’on choisit en fermant les yeux, juste en le caressant, en le tâtant du bout des doigts. Très humblement, il résuma son intervention par un "avec tout ça je m’arrange selon l’argent dont dispose mon client".
Comme une parenthèse au milieu de toutes ses explications, il nous avait fait part aussi de son inquiétude à assurer sa relève car, comme un peu partout dans le monde, les métiers manuels sont délaissés par les jeunes Panaméens. A titre d’exemple, dans cette province de Coclé –capitale Pénonomé- avec une population majoritairement paysanne et grande utilisatrice du cheval de monte, on ne compte plus qu’un seul artisan sellier, le monsieur que nous avons rencontré. A quand sur le marché, l’arrivée de la première selle "made in China" ?