La fête du Corpus Christi à La Villa de Los Santos (5) la procession
Bien avant le lever du jour, associations et groupes scolaires de la Villa de Los Santos sont arrivés pour réaliser leur artistique projet : décorer de fleurs le bitume des petites rues qui encadrent la place. Ces magnifiques mais éphémères tapis honoreront la procession du Corpus Christi. Pendant que les uns dessinent au sol la trame de l’œuvre future, les autres charrient des sacs remplis de fleurs coupées et de végétaux divers. Le travail commence avec la fraicheur mais se termine sous les ardents rayons de soleil. Tout doit être prêt pour midi, fin de la messe et sortie de la procession. (voir le premier article de la série)
Devant la grand’ porte de l’église, un magnifique et gigantesque portrait de Jean Paul II, commencé durant la nuit, force l’admiration. Le travail minutieux effectué n’est en fait que la véritable chronique d’une destruction annoncée. Le Monsignore, pourtant porteur de l’ostensoir sacré, hésite un instant, sûrement conscient du sacrilège imposé. Piétiner une œuvre réalisée, certes avec des fleurs mais surtout avec tant de dévotion, déjà un peu irrespectueux, mais en plus fouler aux pieds l’image du Saint Pape… Il faut toute l’insistance de son dévoué chambellan* pour qu’enfin les timorés escarpins s’en prennent au portrait papal.
La grande destruction commence, et il semble que cela ne dérange en rien la foule compacte qui se bouscule sur les abords. Les danzas, libérées des contraintes de sagesse imposée durant la longue, longue messe, n’auront non plus le moindre scrupule. A peine si, alors que le visage aimé peut encore se discerner, quelques participants s’inquiètent un peu de l’aspect sacrilège de ce grand piétinement syncopé.
Puis, au fur et à mesure que fleurs, feuilles et autres copeaux d’écorces se mélangent façon shaker et passent sous le rouleau compresseur des semelles de cuir des endiablés qui les font claquer au sol, les hésitations s’évanouissent.
Le tapis de fleurs finit par être nul et non avenu, à peine digne des balais qui vont redonner au bitume son lustre d’avant.
La fête religieuse est finie, commence la païenne, dans chaque bistrot, restaurant ou patio privé, les Diablicos vont danser et chanter.
* Il faut savoir accepter d'avoir quelques lacunes, alors, que l’on veuille bien me pardonner, je suis un bien piètre connaisseur des hiérarchies religieuses ou militaires.
Photos : on peut reconnaître quelques Danzas décrites dans les articles précédents. Dans l’ordre d’apparition :
Danza del Torito
Diablicos Sucios
Danzas de los Gallinazos (attention, l’âne badigeonneur est là…)
Danza Montesuma
Danza de las Enanas
Et à nouveau Diablicos Sucios