Folklore traditionnel du Panama. Le "1er Festival de la Pollera Conga" à Portobelo
Plusieurs articles du blog ont déjà évoqué le "VIIème Festival des Diablos y Congos" de Portobelo*1 qui se déroule chaque année impaire au mois de mars. Cette manifestation bruyante et colorée a désormais acquis ses lettres de noblesse et attire des dizaines de milliers de visiteurs. Le dynamique et motivé comité organisateur a décidé il y quelques mois d’organiser en alternance un "Festival de la Pollera Conga"*2. Le premier de cet événement folklorique traditionnel a eu lieu le samedi 17 mars dernier. Disons-le tout de suite, ce fût un succès tant par la qualité de la manifestation que par l’affluence de spectateurs.
Cette semaine là, je me trouvais en compagnie de journalistes français pour une visite de quelques pôles d’intérêt du Panama*3. Portobelo, la petite ville historique aux célèbres ruines, avait été judicieusement programmée à cette occasion. Personne ne fût déçu tant le spectacle de cette tradition endiablée était animé et chaleureux*4.
Treize heures, début des festivités ! Arrivant sur leurs chaloupes grimées comme pour un carnaval, les différents groupes de Congos "mettent le feu" aux eaux ordinairement siesteuses de la baie profonde. L’énorme charivari, juste ce qu’il faut désorganisé, donne d’entrée le ton pour l’après-midi. Elle s’annonce chaude, tant le mélange est détonnant. Cris, bannières jouets du vent, flasques de rhum qui se tarissent, cuirs martyrisés des tam-tams, couleurs caribéennes exacerbées, stridences des sifflets à roulette et hurlements de chants s’entrechoquent, se mêlent, pour s’unir enfin en atteignant leur 7ème ciel : le ponton surpeuplé, clé de la ville.
A peine à terre, le feu se répand comme trainée de poudre à canon. La coulée de lave ondoyante danse, chante et virevolte. Cet intense mouvement brownien, au désordre à peine canalisé par les maisonnettes colorées bordant le bitume qui menace de fondre, progresse comme par miracle. En point de mire, le Parque, la place centrale déjà bondée de spectateurs.
Cauchemar, la façade austère et millimétrée de la Douane Royale voyant surgir cette horde incandescente repense aux vielles attaques des pirates qui la mirent parfois au tapis. Sans aucun respect, un groupe Congo investit ses vénérables arcades. Les joueurs de tambours africains prennent place assise, dos tenus bien au chaud par les robes chatoyantes des doudous de la chorale. Devant, les Congos dansent, provoquent leurs convoitées cavalières qui esquivent ces rudes assauts d’un mouvement vif mais gracieux de leur amples polleras. L’agitation commence à chatouiller les pieds en corail sculpté de l’ancestral monument qui, hilare, se met à résonner à l’unisson de la foule en joie.
Rive opposé de la place centrale, sur l’espace qui sert ordinairement de parking ou plus souvent encore de terrain de foot pour les jeunes, on a installé le podium où les groupes, un à un, vont venir s’exprimer. Pour le moment, éparpillés dans le village, ils s’échauffent sérieusement comme sportifs en quête d’un record.
Retrouvons nous bientôt, devant la scène, pour la suite.
Note :
*1- voir les articles
*2- la pollera conga
*3- making of de la balade
*4- reportage vidéo de Benoît Gaboriaud