Portraits de mygales au Panama

Publié le par Philippe Lesne

  Les mygales sont de grandes araignées qui depuis des lustres inspirent au pire la crainte au mieux le dégout.

 Cette sinistre réputation a été aggravée par de multiples productions hollywoodiennes plus fantaisistes les unes que les autres.

 En fait, les mygales sont de timides prédateurs, plutôt difficiles à voir, car nocturnes et qui s'enfuiront le plus souvent sans demander leur reste.

 Il y en a de très nombreuses espèces dans toutes les zones chaudes de la planète (et plusieurs dizaines à Panama), les plus petites n'atteignent pas le centimètre alors que l'envergure des plus grandes peut atteindre la taille d'une assiette de bonne dimension.

 Dans la zone du canal de Panama il y a deux grandes espèces assez communes et relativement faciles à trouver et identifier pour un amateur.

 1. Sericopelma rubronitens est terricole, c'est à dire qu'elle vit à terre, généralement dans un terrier de forme ovale pouvant atteindre 6 ou 7 cm de large suivant la taille de l'occupante.

 Le céphalothorax (ensemble tête/thorax) est d'un noir brillant ainsi que les pattes, l'abdomen est couvert de poils rougeâtres.

mygale1 sericopelma rubronitens femelle

mygale2

sericopelma rubronitens dans son terrier

 2. Psalmopoeus pulcher est arboricole, elle tisse un tube de toile dans une anfractuosité d'un arbre.

C'est une très belle mygale (comme son nom l'indique), aux teintes veloutées dans les beiges et ocres.

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psalmopoeus pulcher femelle

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psalmopoeus pulcher dans son tube de toile

  Les femelles sont sédentaires et passent la plus grande partie de leur vie dans leur abri.

  Elles sont reconnaissables des mâles par leur corps plus lourd et leurs pattes plus courtes.

  Les mâles, par opposition, ont des pattes plus longues qui leur permettent de se lancer périodiquement dans des expéditions à pied (c'est là qu'on peut les trouver au détour d'un sentier) pour chercher une femelle avec qui s'accoupler. Ces courageux aventuriers risquent tout bonnement leur vie dans leurs élans de dragueurs: si la femelle n'est pas prête à s'accoupler le mâle est souvent tué et dévoré...

mygale5

sericopelma rubronitens mâle

  Les mygales sont carnivores et de redoutables chasseresses. De jour cachées dans leur abri, elles sortent la nuit et chassent à l'affut tout petit animal qui passe à portée: insectes, batraciens, voire petits reptiles ou mammifères.

 Sericopelma rubronitens et Psalmopoeus pulcher sont venimeuses comme toutes les araignées mais non dangereuses, leur venin pouvant causer au pire un œdème et une douleur localisée. Les crochets à venin repliables (chélicères) étant situés sous l'animal, la seule façon de se faire mordre est de saisir l'animal à la main...

Une araignée débusquée de son abri ou se sentant menacée s'échappera le plus vite possible la grande majorité des cas.

Si elle est acculée sans possibilité de fuite, deux cas de figure:

- pour Sericopelma rubronitens, elle peut se retourner et gratter son abdomen avec ses pattes arrières, ce qui a pour effet de projeter vers l'agresseur une nuée de poils urticants dont l'effet peut persister plusieurs heures (Psalmopoeus pulcher ne pratique pas cette technique de défense)

-en dernier recours l'araignée se cambre, dresse ses deux paires de pattes avant et sort ses chélicères

Cette attitude impressionnante est plus que dissuasive !

(Psalmopoeus pulcher est d'ailleurs plus nerveuse et agressive que sa cousine...)

mygale6

psalmopoeus pulcher mâle en position de défense, chélicères sortis

 

  Bref, si vous êtes un jour confronté à une de ces grandes araignées, laissez la passer tranquillement son chemin ou prenez la en photo mais N'ESSAYEZ PAS DE LA MANIPULER ! Et cela dans votre propre intérêt.........

Publié dans Nature

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J
Peut-on me dire si ces saloperies, enfin je veux dire ces charmantes bestioles, se trouvent également en dehors de la zone du canal? Merci.
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S
Bonjour et merci du commentaire. Ce bel animal, sans être charmant n’est en rien une saloperie… comme chaque être vivant (animaux ou végétaux) il a sa place dans la nature. Voici les précisions demandées apportées par l’auteur de l’article: <br /> J'ai toujours trouve l'espèce sericopelma rubronitens dans la zone du canal (elle est particulièrement abondante à Taboga ) mais aussi du parc Chagres jusqu'au Darien. Elle est probablement présente plus à l'ouest, sans garantie. J'ai trouvé l'arboricole psalmopoeus pulcher depuis le parc Cope jusqu'au Darien. Il est probable qu'on la trouve aussi plus à l'ouest et en Colombie. A noter qu'elle n'aime pas les hautes élévations et températures trop fraiches.
B
<br /> Ce soir jen acouple deux ptite pulcher!<br /> <br /> <br />
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J
<br /> cher compatriote,c'est toi qui nous manquait sur ce blog pour y être complétement heureux ! Desiratas personnels:<br /> un texte sur le Puma (avec si possible nombre et répartition au Panama)mais aussi :les Oropels,le petit et le grand Fourmillier.<br /> <br /> <br />
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