Tagua, l'arbre du Panama qui fournit l’ivoire végétal

Publié le par michel-lecumberry

  Dans le monde, en régions équatoriales, 15 espèces de palmiers produisent l'ivoire végétal. En Amérique du Sud et Amérique Centrale on trouve les 6 espèces du Phytelephas (du grec Phyton, plante et Elephas, éléphant). Au Panama, sur les pentes de la forêt humide, pousse Phytelephas seemannii.

Photo du palmier tagua male et femelle (phytelephas seemanii) au Panama, arbres du Panama
Palmiers tagua, la femelle et ses fruits (gauche) et le male avec ses "fleurs"

  Ce palmier à tronc court d'où émergent de longues palmes en forme d'éventail est appelé ici arbre à tagua (lire tagouä). A la différence des autres palmiers ce phytelephas porte ses fruits près du sol. Entourant le tronc, plusieurs grappes resserrées, chacune de la taille d’un ballon, comptent cinq ou six têtes rigides et épineuses. Chaque fruit contient de six à dix graines de forme et de taille variables, rangées comme les gousses d’une tête d’ail.

Au Panama photo d'un palmier Tagua dans la forêt, son fruit et les graines dans le fruit
Un palmier Tagua dans la forêt, son fruit et les graines dans le fruit (coupe)

  La graine (tagua) est constituée d'une coquille rigide sous laquelle une peau marron protége le germe et l'albumen (liquide épais et blanc). Les Indiens apprécient ce liquide semblable à un lait sucré au vague gout de noisette, certains consomment aussi le bourgeon terminal du palmier. Au cours de la maturation, l'albumen s'épaissit peu à peu. Lorsqu'une grappe de fruit est mûre, elle se détache du tronc, éclate en répandant les graines. Certaines, retenues par des obstacles, vont pouvoir germer et prendre racine, les autres peuvent êtres récoltées et mises à sécher, l'albumen va alors finir de durcir tout en restant très blanc et donner ainsi l'ivoire végétal. (Appelé quelquefois dans les merceries françaises, le corozo. En fait ici le corozo est un autre palmier)

Arbre du Panama, le palmier tagua. Photo d'un fruit et des graines donnant l'ivoire végétal
Un fruit ouvert. Vue des graines, l’une d’elles a été tranchée en deux

 

  En 1798, les explorateurs espagnols Ruiz et Pavon décrivent ce palmier pour la première fois. Vers la fin du 19ème siècle, les Allemands seront les premiers à importer des taguas pour fabriquer des boutons. La construction du Canal de Panama va permettre à d'autres pays européens et aux USA d'importer directement l'ivoire végétal qu’ils achetaient en Allemagne. En 1910, l'Equateur et la Colombie exportaient plus de 40 000 tonnes de taguas. Dans les années 30, l'arrivée des matières plastiques devait quasiment réduire à zéro l'utilisation de boutons en ivoire végétal, seuls quelques grands couturiers européens font encore réaliser à la main de superbes boutons.Pour relancer l'exploitation de la tagua, des entreprises de Colombie et d'Equateur se sont tournées vers la réalisation semi industrielle de bijoux fantaisie. Au Panama, dans le Darién, depuis une trentaine d'années les Wounaans et les Emberas utilisent les noix de tagua pour sculpter des animaux, certains sont de véritables artistes qui signent leurs réalisations. On peut trouver de très belles pièces, blanches ou colorées ainsi que des bijoux en tagua dans les boutiques spécialisées proposant de l'artisanat de qualité du Panama.

Photo de boutons en ivoire végétal, abriqués avec des graines de tagua au Panama
Boutons en ivoire végétal, parfois appelés boutons de corozo

  Pour relancer l'exploitation des plantations de palmiers tagua, des entreprises de Colombie et d'Equateur se sont tournées vers la réalisation semi industrielle de bijoux fantaisie. Au Panama, dans le Darién, depuis une trentaine d'années les Wounaans et les Emberas utilisent les noix de tagua pour sculpter des animaux, certains sont de véritables artistes qui signent leurs réalisations. On peut trouver de très belles pièces, blanches ou colorées ainsi que des bijoux en tagua dans les boutiques spécialisées proposant de l'artisanat de qualité du Panama.

 

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