Tagua, l'arbre du Panama qui fournit l’ivoire végétal
Dans le monde, en régions équatoriales, 15 espèces de palmiers produisent l'ivoire végétal. En Amérique du Sud et Amérique Centrale on trouve les 6 espèces du Phytelephas (du grec Phyton, plante et Elephas, éléphant). Au Panama, sur les pentes de la forêt humide, pousse Phytelephas seemannii.
Ce palmier à tronc court d'où émergent de longues palmes en forme d'éventail est appelé ici arbre à tagua (lire tagouä). A la différence des autres palmiers ce phytelephas porte ses fruits près du sol. Entourant le tronc, plusieurs grappes resserrées, chacune de la taille d’un ballon, comptent cinq ou six têtes rigides et épineuses. Chaque fruit contient de six à dix graines de forme et de taille variables, rangées comme les gousses d’une tête d’ail.
La graine (tagua) est constituée d'une coquille rigide sous laquelle une peau marron protége le germe et l'albumen (liquide épais et blanc). Les Indiens apprécient ce liquide semblable à un lait sucré au vague gout de noisette, certains consomment aussi le bourgeon terminal du palmier. Au cours de la maturation, l'albumen s'épaissit peu à peu. Lorsqu'une grappe de fruit est mûre, elle se détache du tronc, éclate en répandant les graines. Certaines, retenues par des obstacles, vont pouvoir germer et prendre racine, les autres peuvent êtres récoltées et mises à sécher, l'albumen va alors finir de durcir tout en restant très blanc et donner ainsi l'ivoire végétal. (Appelé quelquefois dans les merceries françaises, le corozo. En fait ici le corozo est un autre palmier)
En 1798, les explorateurs espagnols Ruiz et Pavon décrivent ce palmier pour la première fois. Vers la fin du 19ème siècle, les Allemands seront les premiers à importer des taguas pour fabriquer des boutons. La construction du Canal de Panama va permettre à d'autres pays européens et aux USA d'importer directement l'ivoire végétal qu’ils achetaient en Allemagne. En
Pour relancer l'exploitation des plantations de palmiers tagua, des entreprises de Colombie et d'Equateur se sont tournées vers la réalisation semi industrielle de bijoux fantaisie. Au Panama, dans le Darién, depuis une trentaine d'années les Wounaans et les Emberas utilisent les noix de tagua pour sculpter des animaux, certains sont de véritables artistes qui signent leurs réalisations. On peut trouver de très belles pièces, blanches ou colorées ainsi que des bijoux en tagua dans les boutiques spécialisées proposant de l'artisanat de qualité du Panama.
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