Festival des Diablos et Congos de Portobelo

Publié le par Michel Lecumberry

    La septième édition de ce festival biennal vient de se dérouler le samedi 26 mars. Cet évènement rencontre chaque fois un succès grandissant, cette année quelques  10000 personnes se sont pressées dans Portobelo pour assister à ce spectacle exceptionnel. Il faut dire qu’à chaque édition les organisateurs, très dévoués à la conservation de cette tradition ancestrale, améliorent la présentation.

danse1

   Ce festival était jusqu’ici réservé au personnage le plus important des groupes Congos, je veux parler du Diablo, la manifestation portait le nom de Festidiablos de Portobelo. Sur la scène, un groupe ou deux de Congos et un orchestre de musique afro-cubaine se relayaient pour animer les présentations des Diablos qui évoluaient entre estrade et spectateurs.

   Pour cette nouvelle édition, le titre indiquait déjà un changement important puisqu’il annonçait un Festival de Diablos y Congos. Et de fait, sept villes et villages de la "Costa Arriba" (la côte atlantique de l’est, située entre Colon et Kuna Yala) ont dépêché leurs meilleurs groupes de Congos pour rivaliser dans cet assaut d’originalité avec le respect des traditions.

   Illustré par quelques photos, voici un rappel de la composition d’un groupe Congo. (voir article précédent)

  En premier lieu, les joueurs de tambours, la soliste et le chœur qui vont accompagner et rythmer toutes les danses et manifestations du groupe. Ils en sont le pivot.

groupe1

   Puis, les personnages : d’abord, les plus majestueux dans la dérision, noblesse oblige, le Roi et la Reine. Jua Dio et Merdeces (ou Mécé), parodie des souverains d’Espagne (de l’époque… mais son Altesse Juan Carlos-porqué no te callas serait presque dans l’esprit Congo…). Parfois aussi présente la Minina (déformation de Menina, l’infante en espagnol).

roi-reine1

   Autre rôle important dans le déroulement des festivités en période de Carnaval, le "pajarito" (petit oiseau). Il est le messager de la Reine, chargé par exemple de transmettre les invitations de groupe à groupe, il règle aussi le déroulement des danses et manifestations. Son habit et le drapeau à damier qu’il brandit souvent sont bicolores. Il use aussi beaucoup de l’accessoire préféré des Congos, le sifflet à roulette.

pajarito4

    Le petit peuple des esclaves opprimés est représenté par ce que l’on appelle ici communément le Congo. Son accoutrement, son parler et sa gestuelle sont une incessante moquerie et l’expression d’un esprit rebelle face au maître trop souvent cruel et injuste. Personnellement, c’est le personnage que je préfère, un peu clown auguste, un peu gavroche, le seul à défier le fouet du Diablo, il est l’essence même de l’esprit Congo. Débarrassé de ses oripeaux, du vide-grenier qui pend à sa ceinture et de son maquillage, il reste une personne attachante et sympathique.

congo23-2

  Enfin et non des moindres (oui, je sais, last but not least ferait plus chic, mais ici, à Portobelo, faire chic…) le fameux Diablo. Il est le représentant du maître sévère et cruel, avec en filigrane un aspect luciférien. Dans les manifestations Congos, ils sont les stars. Tous les jeunes black du village rêvent d’être un jour un Diablo effrayant et admiré. Il faut les voir, essayant de faire claquer la ficelle d’un fouet bricolé sur le pauvre poteau télégraphique du coin, heureux que l’unijambiste ne puisse sauter pour éviter la zébrure douloureuse.

diablo20

 

 

(à suivre)

Commenter cet article