Festival des Diablos et Congos de Portobelo (2)

Publié le par Michel Lecumberry

   Avant de vous raconter le déroulement de cet événement sans pareil, une petite explication s’impose.

 

   La danse dans les groupes de Congos

   En période de Carnaval, chaque fin de semaine, les Congos chantent et dansent le soir sous le toit de palmes de leur Palenque. Respectant la tradition, ils célèbrent ainsi la liberté des esclaves marron. Le groupe musical se compose de trois à cinq tambours derrière lesquels se tiennent les femmes. Une soliste chante les couplets et le chœur, d'une voix lancinante, en reprend une phrase de façon répétitive. Parfois fatalistes ou cyniques, les textes des chants se réfèrent souvent à la vie quotidienne.

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   Devant les joueurs de tambour danse un seul couple à la fois. Il s’est formé de façon impromptue et l’homme ou la femme sont remplacés spontanément mais jamais les deux en même temps. S’il est présent, c’est parfois le "pajarito" qui règle ce brassage. Le thème de base de la danse s’appelle le "tamborito-spontané", au cours duquel les couples aléatoires évoluent sans inhibition aucune.

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   La danse est improvisée bien que certains pas ou postures du corps caractérisent une chorégraphie. Intuitivement les couples s’accordent pour composer leur danse, les gestes sont imprévus mais leurs mouvements sont synchronisés. Le jeu de l’amour homme-femme est ouvert, franc, érotique et lié à un esprit de jeu et d’exagération.

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   La femme danse tranquillement. A petits pas, elle se déplace vers les tambours, s’en éloigne à nouveau, les épaules, bras et tête rigides, seules les hanches ondulent. Avec les mouvements des plis de sa jupe elle invite son partenaire à se rapprocher. S’il accepte le défi et s’approche, cherchant un contact, un baiser, elle se retire vivement, se détourne et se dirige dans une autre direction, toujours provocante.

   La jupe longue et ample joue un rôle important, les mains la déploient complètement sur les côtés ou en corolle pour esquiver d’un geste vif les assauts du partenaire, elle peut aussi servir pour frapper celui-ci s’il refuse de se retirer.

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   L’action continue, l’homme avec agilité ondule et se déplace autour de la dame, guettant un moment d’inattention pour se rapprocher de son visage et de son corps. Il suit librement et naturellement le rythme des tambours avec des mouvements acrobatiques improvisés, et des gestes syncopés. Ses déplacements sont rapides, parfois plus lents pour observer vers où va se diriger sa partenaire.

   Les danseurs se succèdent, sans arrêt se crée une variété interminable de mouvements et de couples. La danse va se poursuivre jusqu’au petit jour, les Congos jamais ne se fatiguent ou perdent leur enthousiasme. Le rhum local est évidemment d’un grand secours pour combattre les éventuels "coups de pompe" et pour favoriser les improvisations.

 

(à suivre)

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