Aux San Blas, le ballet quotidien des petites pirogues à voile
Dès les premiers rayons du soleil, les pirogues glissent doucement vers l’eau, une à une, tandis que sous le vent des îles, la mer qui les accueille somnole encore un peu. Leurs petites voiles auriques, impatientes, s’ébrouent, invitent l’alizé à les gonfler d’envie et filent bientôt en sa compagnie.
Les unes se dirigent vers les petites plantations vivrières du continent. Elles en rentreront chargées de noix de coco, de canne à sucre, de manioc ou autres rhizomes et tubercules et de bidons d’eau potable.
Les autres, avec grand courage, partent affronter les vagues, pour rejoindre les récifs de corail poissonneux du large.
Vers midi, tous ces petits pétales de mer s’en reviennent vers les villages. Concours involontaire de patchworks. Les voiles rivalisent d’originalité, amalgames hétéroclites de tissus aux origines métissées.
Plus tard, lorsque le soleil fatigue et rejoint mollement sa cachette, la dernière corvée quotidienne des Kunas offre aux pirogues un repos bien mérité, allongées sur le rivage.
Peut-être s’abandonnent-elles alors à des rêves de grandes cavalcades hauturières.
Article: Aux San Blas, Ulu, la pirogue des Kunas