Aux San Blas, Ulu, la pirogue des Kunas (2)

Publié le par michel lecumberry

Dans la cosmogonie kuna, les grands arbres ont été envoyés sur terre pour les protéger, c’est donc après avoir demandé l’autorisation aux divinités que celui qui a été choisi pour creuser une pirogue est abattu*.

A peine abattu l’arbre au bois dur, le gros du travail commence…

  Le dégrossissement se fait sur place et l’ébauche sera transportée sur le continent et remorquée sur la mer jusqu’au village pour être confiée au spécialiste charpentier. Il utilise une herminette et sa machette pour tailler et creuser.
  Afin de vérifier que l’épaisseur reste régulière, ce qui garantira un bon équilibre de la pirogue, des perçages sont pratiqués à plusieurs endroits puis obstrués lors des finitions par des chevilles. L'extérieur et le fond sont enduits de goudron. Les autres parties intérieures et surtout la proue seront, pour les plus remarquables, décorées de beaux motifs colorés.

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Photo d'une femme Kuna sur sa pirogue aux iles San Blas - Panama
Femme Kuna maniant la grande pagaie de son "ulu" pour aller vers son lopin de terre

Eléments importants de la pirogue, la pagaie qui sert de rame ou de safran et les voiles, souvent cousues avec des tissus divers. La variété des calicots publicitaires récupérés, des bouts de vieux spis offerts par les navigateurs de passage, des sacs de riz ou autres, assemblés efficacement pour en faire de vraies voiles, leur donne un charme tout particulier.

Le vent est fort, le gamin met toutes ses forces pour diriger sa pagaie/gouvernail
L'orage menace, dernier rayon de soleil sur le beau patchwork de la voile

Les Kunas sont de vrais marins, il faut les voir naviguer au plus fort de la saison des alizés, remontant au vent dans les vagues de la mer formée. Les fesses au ras de la vague, un équipier, parfois son gamin, ou sa femme, est au rappel, agrippé au trapèze. Tandis que lui tire sur son kami d'une main forte et sûre, pendant que de l'autre il écope, avec une moitié de calebasse, les franges de mer qui cherchent à les engloutir à chaque creux qui passe.

Au lever du soleil, un Kuna aidé de son gamin qui écope, part vers les récifs du large
En langue Kuna, les différentes parties de la pirogue et la rose des vents

* L’arbre le plus couramment utilisé est l’espavé (Anacardium excelsum) Il tire son nom de la déformation de l’expression espagnole "es para ver", traduire par "c’est pour voir". Du temps de la colonisation, ces grands arbres qui dominent la forêt vierge servaient de poste d’observation.

Voir l’article : Mille et une photos du Panama, les petites voiles bigarrées des pirogues kunas

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S
Merci pour ces superbes photos ! et les commentaires qui nous éclairent encore et encore sur les Kunas.
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