Aux San Blas, Ulu, la pirogue des Kunas (1)

Publié le par michel lecumberry

  Ces chapelets de petites voiles auriques, soulignées d'un épais trait noir, courant sur l'eau fait partie des charmes qu’offre l’archipel des San Blas. C'est une des premières images des San Blas qui reste gravée dans les mémoires.
 Hélas, elles ont maintenant tendance à disparaitre
dans la partie occidentale de l’archipel, laissant la place à des chaloupes motorisées transportant des groupes de touristes harnachés de gilets de sauvetages couleur fluo. Ouverture d'une route d'accès à cette région de l'archipel oblige.
  Dorénavant, il faut se rendre à l’est de l’archipel, accessible seulement par avion ou par mer, pour trouver encore des villages traditionnels laissant échapper au petit jour ces myriades de petites «ulu».


   Ces pirogues traditionnelles accompagnent les Kunas tout au long de leur vie.
  Gamin, c'est un petit modèle réduit du ulu de son papa qui sera son premier jouet. Et dès lors, sa vie coulera au rythme lent de la pagaie et de la musique du vent dans la voile.
 Dans la cour intérieure, un modèle un peu moins réduit sert pour les ablutions des enfants et pour les bains médicinaux aux plantes.
 Haut comme trois pommes, déjà équipé de son premier kami (la pagaie), il aidera son père sur la pirogue pour aller dès le lever du jour aux champs ou à la pêche.
 Durant la cérémonie de la puberté*1, la jeune fille Kuna sera arrosée durant quatre jours par les femmes de la famille avec de l'eau puisée dans une petite pirogue rituelle.

cayucos
   Enfin, couché dans son hamac au creux de sa dernière demeure, c'est encore un tout petit ulu de cérémonie qui sera amarré pour lui sur la rivière voisine. La nuit venue, ce dernier emportera son âme pour rejoindre celles de ses ancêtres.
 Remplaçant les vélos, motos, voitures ou camions, voire autobus, la taille du cayuco (c'est le nom espagnol mais en usage courant aussi) dépendra des moyens financiers de son propriétaire, et de l'utilisation qu'il veut en faire.


  Il est un symbole de la vie quotidienne des Kunas et souvent repris dans les motifs traditionnels des molas.

                                  Mola des 3 "kami" (pagaie)
    
On le voit, les pirogues sont omniprésentes et indispensables. Dans chaque famille il y en a au moins une, parfois plusieurs, elles appartiennent aux hommes.*2

Notes:
*1- Voir article : La cérémonie de la puberté des jeunes filles kunas
*2- dans cette société matrilinéaire c'est important de le préciser

 

Partie n° 2 de l'article

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