L'association "Rugby French Flair" au Panama. (1)- Accueil à l'Alliance Française.
"Garuche, Lolo, Milou, Stan et les autres", cela pourrait être le titre de cette histoire d'hommes et d'amitié.
Avant de me lancer dans l'écriture de cette série d'articles, j'hésitais un peu, pensant qu'il n'intéresserait que quelques amateurs de rugby, avec comme question subsidiaire: y en a-t-il parmi les lecteurs de ce blog? Cependant, comme il parlera beaucoup de valeurs humaines, de partage et de générosité, il touchera sûrement un plus grand nombre d'entre vous, alors racontons.
Pardonnez-moi d'introduire ce texte par ce qui devrait être sa conclusion, mais comment ne pas céder à cet effet de style incongru, quand, après leur départ, toutes les personnes qui ont croisé cette bande de copains en mission au Panama parlent d'eux avec des mots tels qu'Humanité, Générosité et Amitié. Oui, leur trop court passage par ici a laissé une belle trace dans les cœurs, comme une marque indélébile de crampons en forme de fleur sur l'aride terrain de sport d'une école communale, dans un quartier défavorisé de Panama.
Si vous faites un petit tour sur leur site Internet*1, vous lirez en exergue: "Partager l'esprit du rugby au-delà des frontières" et si vous y poussez la porte "L'association", vous trouverez les objectifs sportifs et humanitaires de cette belle équipe née en juin 2010. Le récit de ces trois jours que j'ai eu le plaisir de passer avec eux n'en sera que mieux éclairé*2.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, ai-je le droit d'évoquer ici un aspect un peu personnel de cette rencontre? Comme je pense que les êtres humains ne meurent définitivement que le jour où quelqu'un parle d'eux pour la dernière fois, qu'il me soit permis d'évoquer ici un homme qui m'était et me reste très cher, afin qu'il survive encore un peu. Ce que l'on appelle "les valeurs du rugby", grâce à lui, je suis tombé tout jeune dans la marmite. Mon grand-père maternel, Jean Semmartin*3, me les a inculqués bien avant de m'offrir ma première paire de chaussures à crampons, tout en me racontant ses souvenirs de joueur international, d'arbitre fédéral et de sélectionneur des équipes de France juniors. Alors la prestation toute en humanisme de ces anciens joueurs, dont certains ont des palmarès à faire rougir d'envie bien des britishs, tiens pourquoi je dis ça… fût pour moi une belle piqure de rappel. Fin du paragraphe perso!
Comme un essaim d'armoires normandes sorties d'un Airbus estampillé "déménagements en tous genres", ils ont déboulé en fin d'après-midi dans l'aéroport de Panama-Tocumen et ce ne fut pas incognito… Premiers sourires, l'impressionnant rassemblement en attente du bus se trouvait juste sous un grand panneau tout bleu avec chaise roulante blanche stylisée… réservant généralement cet espace à des handicapés…
Installés dans le bus, ils sont sages, écoutent les premières informations données avec beaucoup d'énergie, le micro est HS, par Dora, mandatée avec moi par l'agence de voyage réceptive pour les accueillier. Direction l'hôtel, remise des clefs, distribution des bagages, à peine le temps d'une douche et hop! C'est parti pour une troisième mi-temps anticipée offerte par l'Alliance Française à l'occasion de la "Grande Fête du vin".
Stéphane Diaz et ses convives
Quand ils pénètrent dans le hall central déjà bondé, c'est comme si le magnifique bâtiment blanc à colonnades se réduisait comme peau de chagrin. Faisant corps autour de ses tours de guet, des "deuxièmes lignes" de quelques deux mètres sous la toise, le paquebot fend lentement la marée humaine qui danse aux ordres du DJ de service. Direction le rez-de-chaussée. Stéphane Dias, Chef français installé à Panama, a dressé là le courageux buffet, dans une salle qui prend tout à coup des allures de boite à chaussure.
Sentant l'impérial assaut venir, tremblant, leurs yeux hagards, les petits fours, fins sandwichs, brochettes et autres timbales de ceviches serrent les miches. Dans les cartons, pas encore ouverts, on croit entendre le tintinnabulement des bouteilles de vins de toutes couleurs, épaules apeurées s'entrechoquant. Abordage! S'approcher de la sainte table va devenir expédition en forêt vierge, à louvoyer entre arbres hiératiques d'une autre dimension.
Sans commentaires...
Les bouchons sautent, marrons d'un bouquet final de feu d'artifices, l'ambiance est amicale et chaleureuse. Les conversations vont bon train, ces hommes là sont on ne peut plus disponibles et courtois. Quelques admiratrices se faufilent, osant même demander quelques photos souvenir. Accompagnés de pareils gardes du corps on pourrait aller affronter la nuit dans les quartiers les plus chauds de la ville…
Sandrine et ses gardes du corps et Alix au portevoix
Alix, qui a donné beaucoup de son temps et de son énergie pour préparer avec Sandrine Pia-Casto*4 la venue de l'association, doit donner de la voix: on vous attend là-haut pour le tirage de la tombola! Reflux, en ordre de bataille. C'est "Milou", Emile Ntamack, un des plus beau palmarès du rugby à XV*5, qui s'y colle avec son sourire et sa disponibilité légendaires, main innocente tirant de l'urne les billets gagnants, distribuant prix et bises de félicitations avec bonhomie.
Retour à l'air libre, au bus et aux taxis, sûrement que cette première nuit panaméenne, si bien commencée, n'est pas terminée pour tout le monde. Les dimensions du beau bâtiment blanc ayant retrouvées leur ampleur naturelle, le DJ peut reprendre ses ouailles en main…
Il flotte encore un parfum d'Ovalie sur l'Alliance Française.
Quelques amis, Christiane Stouder venue représenter la Suisse, Nicolas Lhullier rédacteur du Petit Futé Panama, Armand Paterne de l'Alliance Française et Sandrine Pia Casto.
A suivre: début de la mission
Notes:
*1- https://www.rugby-french-flair.com/
*2- En fait, leur séjour au Panama durera 6 jours, mais j'ai dû les quitter prématurément pour accompagner une équipe de journalistes de Paris-Match (article prévu).
*3- Jean Semmartin, (1892-1971) arrière du SCUF (a joué aussi au Biarritz Olympique et au Stade Toulousain), international nº96, médaille de vermeil de la FFR (Fédération Française de Rugby) en 1966. Faisait partie de cette génération de jeunes Français décimée par la boucherie de 14-18. Lui en réchappa, mais des milliers de rugbymen perdront la vie parmi lesquels 24 internationaux, dont deux de ses équipiers du SCUF (Sporting Club Universitaire-Paris). Certains avaient participé à la première victoire d'une équipe de France contre une équipe britannique (l'Ecosse battue 16 à 15 en 1911). Les 4 nations anglo-saxonnes qui disputaient entre eux un tournoi annuel depuis 1884 ont invité la France à les rejoindre en 1910, pour ce que l'on peut considérer comme le premier Tournoi des V Nations (Ce titre sera officialisé plus tard après la guerre).
*5- Emile Ntamack, "Milou", surnommé aussi "La panthère noire" est un ancien joueur du Stade Toulousain, il y effectue toute sa carrière au poste habituel d'arrière (capitaine à partir de 1996), avec un palmarès exceptionnel : champion de France Reichel 1989 et 1990, champion de France en 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2001 (finaliste en 2003), vainqueur du Challenge du Manoir (devenu Coupe de France) en 1993, 1995 et 1998 et vainqueur de la Coupe d’Europe en 1996, 2003 et 2005 (finaliste en 2004). Il débute en équipe de France lors du Tournoi 1994, numéro d'international 819, il sera sélectionné 46 fois et marquera 25 essais (meilleur marqueur du Tournoi 1996). Depuis son retrait en tant que joueur, il a entrainé les lignes arrières de l'équipe de France dans le staff de Liévremont et s'occupe actuellement des benjamins et juniors au Stade Toulousain. Son site Internet