Escapade de 3 semaines en Afrique du Sud, le Kruger et alentour. (art 1)
Publier sur ce blog une petite série d’article sur ce voyage qui vient de se terminer peut surprendre. Un Internaute en recherche d’infos pouvant l’aider dans l’étude d’un projet de visite du Panama et déboulant directement ici va penser qu’il y a quelque chose qui cloche. Mes lecteurs réguliers seront aussi peut-être surpris, agréablement ou pas. Que chacun se rassure, l’échappée belle a pris fin, retour à Portobelo, hier. Le blog retrouvera son train-train panaméen très vite.
Diable ! Comment m’est venue l’idée d’un tel voyage ? Jean, l’an dernier, a "fait" le Panama en trois jours, dans un groupe d’une dizaine de touristes. Il m’avait demandé, en fin de course, à la frontière du Costa Rica qu’ils allaient également survoler dans les mêmes conditions de vitesse, si je pouvais lui organiser et l’accompagner pour un autre séjour sur mesure, cette fois en solo. Nature et Amérindiens tels étaient ses sources d’intérêt. Il est revenu en ce début d’année 2014 et a raconté dans la rubrique "témoignages" de ce blog notre virée de deux semaines. A l’aéroport, avant de repartir vers ses Alpes de Haute Provence, les liens amicaux tissés à force de partages de belles rencontres : - Michel, si nous allions rencontrer d’autres paysages, bébêtes et humains, ailleurs ? Me demanda-t-il, lançant au passage quelques pistes : Kenya, Tanzanie, Afrique du Sud, Madagascar... Trois semaines minimum, avec véhicule de location, pouvoir, comme au Panama, choisir le parcours, s’arrêter quand et où bon nous semblera.
Aller sur l’un de mes terrains de sport favori, la toile. Au fil des blogs et forums, se donner envie, trouver des infos, choisir. Ce besoin d’indépendance et de liberté de circuler en voiture réduit vite le champ d’investigation. La Tanzanie, oups le budget… Le Kenya, oups les évènements... Madagascar, oups le manque de bitume… Cela saute vite aux yeux. Un réseau routier parfait, un ensemble de parcs nationaux et de réserves privées te promettant des animaux parmi les plus beaux et impressionnants du globe. Allez, ce sera l’Afrique du Sud ! Cette fois, juste un petit bout de l’Afrique du Sud… Nous voulons rencontrer, pas survoler. Le Parc Kruger et alentour, c’est tout !
Farfouiller, "Forum-Voyage" et le "Forum du Routard". Deux mines d’or. Sur ce dernier, Annick est une "forumeuse" d’exception. Quelle constance, quelle générosité ! Quelle connaissance de ce superbe pays ! Juste un post échangé directement pour une petite précision nécessaire, mais combien de ses fils te donnant toutes réponses utiles… Annick, un grand merci d’un tout petit contributeur à ces forums pour le Panama. Courant août le programme est bouclé, B&Bs, campements des parcs nationaux, lodges des réserves privées et véhicule, tout réservé. Libres tout de même, nous ferons deux changements de dernière minute sur place, l’intérêt de nos safaris primait.
Bien entendu, je m’attends à écumer autour de deux écueils majeurs. Sitôt sorti de l’avion, le premier.
Johannesburg le 22 octobre, après 36 heures de voyage (j’ai retrouvé Jean à Charles-de-Gaulle), il est 10h du mat’. Chez Avis : merdralors ! Comme disait Zazie dans le métro, Z’ont foutu le volant de la Nissan côté passager. A droite de ton siège habituel, le changement de vitesses et le frein à main sont par contre bien là. Et les pédales, ils les ont expatriées où, les pédales ? Aux places arrières peut-être ? Ah, mais c’est bien sûr ! Tu dois échanger ta place avec ton passager et sur la route la file de droite pour celle de gauche. Et n’oublie surtout pas ! C’est un pays hautement industrialisé et les gros-culs chargés à mort de minerais plus ou moins rares ou de cannes-à-sucre qu’ils dégueulent par petits paquets à chaque virage, roulent vite, très vite !
Pour éviter de se perdre dans la capitale, immédiatement de Tambo-Airport, direction nord, le Parc de Marakele. Deux heures et des bricoles de route, l’adaptation sur route moins difficile que pensé. Dans le parc, durant deux jours, avant goût du roulage sur piste. Les éléphants se foutent, mais si vous saviez à quel point ils se foutent du code de la route… alors que tu sois à gauche ou à droite, pas important. D’ailleurs la piste est rarement prévue pour croiser un bestiau de ce type ou un autre 4x4. Durant le périple nous mettrons au compteur de la Nissan 5500 km de plus, dont 3200 sur route. Question de préparation au Certificat d’études (au fait, ça existe encore ce truc ?) : Calculez le tonnage de poussière respirée sur les kms de pistes restant, sachant que le tableau de bord est devenu couleur brique au bout de deux jours…
Pour le second écueil, ce fut parfois plus risible que pénible. Je dois humblement l’avouer, mon anglais provient de la nuit des temps, le lycée, deuxième langue. Autant dire, lire, écrire, pas trop loin d’un dico, ça peut le faire. Discuter à Twickenham, dans un pub après une victoire du XV de France et surtout la langue déliée par 5 ou 6 bières partagées avec des britiches passés par Oxford, ça peut le faire aussi. Mais ici, hou là là… Les blancs sont tous nés au Texas ou en Géorgie, ou bien ? Et les blacks, comment font-ils pour parler tout en mâchouillant une bouchée de haricots secs sans les postillonner, vu qu’ils ont le sourire toujours plus que généreux. On en reparlera, de ce sourire. Alors, quand elle semble se terminer, tu étales la phrase sur la table ou sur le capot de la Nissan, modèle Quechoua (ou quelque chose d’approchant*1…). Et là, essayer de picorer 2 ou 3 mots reconnaissables et, façon puzzle comme dirait Blier dans un autre film que celui-ci, tenter de reconstituer le message. Si le flux s’accélère, reste la solution "petit chien à tête ondulante à l’arrière des Dauphines". Le béni oui-oui parfait.
Mon ami Jean, qui à son arrivée, ne parle pas un traite mot de la langue de Shakespeare, captant tout ce qui l’entoure comme une éponge, a vite enregistré une phrase qui nous est servie le matin. Goudemorningue ! Dès le troisième jour, 5h du mat, départ du safari. Au sympathique vœu matinal de notre pisteur, voulant faire le fier, le voilà qui répond, sûr de lui comme un commando G.I. à son instructeur: Yess ! (heureusement oubliant le "Sir" et le claquement de talons protocolaires). Je lui traduis le tout à l’oreille, partage de fou-rire. Je devais exploiter le filon durant le séjour. Pour remettre de l’ambiance, quand le blues vous prend parce que cela fait 6 minutes et 17 secondes que vous n’avez pas vu un animal, je ne parle pas ici de libellules ou de coccinelles, je déclinais sans fin le joke durant le séjour, inventant des dialogues style : Where are you from ? Tomorrow! Coup de blues suivant: What’s your name ? Vérihouelle! La bonne ambiance, quoi!
Pour continuer sur le chapitre humour. Si vous passez un jour par Sabie, étape aux abords de la superbe route dite "des panoramas", celle qui surplombe l’impressionnant Blyde River Canyon (3ème plus grand au monde), je vous recommande un B&B charmant*2. Perché sur une colline, un peu à l’écart de la petite ville, vous êtes chez un couple d’Anglais à la retraite. Elle, artiste, et lui ancien cadre supérieur dans la région du Cap. Le même british que ceux rencontrables à Twikenham. La moustache fournie, un peu en bataille, juste ce qu’il faut. La couperose joyeuse d’un ancien deuxième ligne devenu joufflu et désormais bedonnant, adorant les troisièmes mi-temps. Et, par-dessus tout, un rire permanent, capable de dérider un bataillon de garde-chiourmes à Fleury-Mérogis. Le gars a rempli une page entière du joli book d’accueil, déposé délicatement dans chaque chambre, d’une espèce de best-of des perles reçues lors de demandes de renseignements par e-mails. Les réponses faites valent leur pesant de cacahouètes ! Humour british garanti. Petit extrait :
(d’Angleterre) : -Est-ce qu’il pleut parfois en Afrique du sud? Je n’ai jamais vu pleuvoir là-bas à la TV, alors comment font les plantes pour pousser ?
- Nous importons toutes nos plantes déjà grandes et nous nous asseyons juste à coté pour les voir mourir.
(du Royaume uni) : - Y a-t-il des distributeurs d’argent automatiques en Afrique du Sud ? Pouvez-vous m’envoyer la liste de ceux de Johannesburg, du Cap, de Krysna et de Jeffrey’s Bay ?
- De quoi est mort votre dernier esclave ?
Une page entière de comme celles là…
Tout ceci m’éloigne dangereusement de mon sujet.
Nous sommes ici pour approcher au plus près de beaux animaux. En premier lieu le mythique "Big Five". Ce qualificatif vient de l’époque, heureusement révolue, des safaris mortifères. Le Big Five, c’était non pas les plus gros mais le tableau idéal pour les chasseurs. Le top 5 des plus imposants et dangereux animaux d’Afrique. L’éléphant, le lion, le léopard, le buffle et le rhinocéros*3. Je peux vous dire que nous les avons tous vus et observés de très très près, parfois à la limite du trop. A part l’énorme rhino, laissé quand même à quelques 25/30 mètres face à nous, partis à sa rencontre et débouchant en file indienne derrière notre pisteur, arme chargée à la main, dans une clairière, tous les "Big Five" plusieurs fois observés à moins de 5 mètres du Land Rover des Game Drive biquotidiens du réputé lodge Motswari. Souvent aussi pas loin de notre courageuse Cashqai, faut bien lui reconnaitre au moins une qualité à ce brave SUV Nissan.
Le cœur à palpité souvent… tambours du Bronx !
Notes :
*1- Le SUV, compromis route/piste dite facile, se révèle trop court sur piste difficile (en fait je crois que c’est juste bon pour le bitume ou en ville pour monter courageusement la bordure d’un trottoir…). Et pour faire de la photo, comme il est formellement interdit de descendre du véhicule, vraiment casse-bombons, les montants de pare-brise trop inclinés et les rétroviseurs obèses. A la prochaine sortie de ce type : Land Rover, toit ouvrant ou rien !
*2- Il s’agit du Porcupine Ridge, excellente adresse.
*3- Fait à signaler, l’animal le plus dangereux d’Afrique ne figure pas dans ce Big Five, il s’agit de l’hippopotame. Il est responsable de 3000 morts par an, loin devant le lion.