San Blas, photographies de mamies kunas, avec malice...
A Kuna Yala, prendre des photos est interdit dans la plupart des villages, mais règlements et lois, ici comme ailleurs, sont faits pour donner envie de les contourner… n’est-ce pas ?
Balade…
Toi, tu es là, le boitier prêt à jaillir du fourre-tout comme diable de sa boite. Les zazas et les pixels sont impatients d'accueillir ce beau visage buriné par les épreuves d’une vie sûrement pas facile-facile. Avisé, tu te fais le camouflage d’un camelot essayant de vendre un frigo à ce brave Inuit qui sculpte un os de cétacé, assis à l’entrée de son igloo. Avenant, souriant, un peu faux cul quoi… Tu veux vendre à la mamie ton idée de la prendre en photo, son visage est tellement beau que tu veux garder l’image.
Elle ne parle pas espagnol, encore moins français, toi tu balbuties à peine quelques mots de kuna, comment la convaincre ? Une petite chance, comme cela fait plusieurs fois que tu viens dans ce village, que tu rapportes et distribues des tirages sur papier glacé, ses enfants ou petits enfants vont l’aider à accepter. Faut shooter rapide, elle peut changer d’avis... Le beau visage entre en mémoire, perdu pour le moment au milieu des tas de gigas engrangés au cours de ta balade. Tu penses que c’est une prouesse, même si c’est la centième fois que cela t’arrive.
Retour devant l’ordi. En cascade, les pixels ravissent ton écran. Le visage de parchemin se met à parler comme manuscrit enluminé, c’est bien celui qui, au village, a tant impressionné ta boite noire. Mais, parfois, surprise… c’est un grimoire ! A quel moment la magie est-elle venue glisser cette lueur malicieuse entre les paupières mâchicoulis ? Tout comme son regard, la question déboule pour te tarauder l'esprit: ce petit sourire, est-ce moquerie, ironie, pourquoi cette malice ? Le doute s’installe… Tel est pris qui croyait prendre ? Va savoir…
Va savoir...