L'augmentation du niveau de la mer menace les îles de Kuna Yala

Publié le par Serge Serrano

  Les indigènes kunas du Panama, habitant les iles de l’archipel de San Blas, au nord est du pays, voient comment les petites îles qui hébergent leurs communautés vont peu à peu être submergées. Ce phénomène est dû à l'augmentation du niveau de la mer, conséquence du changement climatique. Les Kunas préparent déjà leur déplacement vers la terre ferme.

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   Depuis déjà plusieurs années, lors d’un Grand Congrès de la Nation Kuna, le Grand Sahila, chef suprême de cette ethnie indigène, a déclaré que son peuple devait se préparer à un exode massif vers le continent. "Nos anciens nous disent que le niveau de la mer n'est déjà plus dans la même proportion qu'ils l’ont connu quelques décennies auparavant", a expliqué encore dernièrement Ariel González, secrétaire du Congrès Général Kuna, la plus importante institution administrative et politique de ce peuple indigène de la côte caribéenne du Panama. De plus, dit le représentant kuna, des inondations inhabituelles se répètent et, "au rythme où vont les choses, le plus probable est que certainement les îles finissent immergées sous les eaux".
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   Il s'agit de quelques 49 communautés qui, hormis deux qui existent dans les régions montagneuses du continent, sont exposées à l'augmentation du niveau de la mer, car elles se trouvent sur la côte ou, dans leur grande majorité, sur les quelques 300 petites îles de l'archipel de San Blas. L’ensemble, avec un peu plus de 32 mil habitants, compose la Comarca de Kuna Yala, qui signifie “Terre des Kunas”, sorte d’enclave autonome, bien que faisant partie du territoire Panaméen.
   González mentionne qu’effectivement des études scientifiques prévoient que "le niveau de la mer peut monter de cinquante centimètres à un mètre et demi, selon les endroits, progressivement, pour atteindre ces niveaux dans les années 2050 - 2100".
   Bien que les experts ne soient pas tous d’accord quant au degré de l'élévation, il reste clair que cet archipel paradisiaque se trouvera affecté, parce que la hauteur actuelle des îles au dessus du niveau de la mer est en moyenne de cinquante centimètres à un mètre.
  De plus, la barrière de corail qui protégeait ces iles, n’assure plus cette défense naturelle. Elle s’est vue affectée, en certains endroits, de manière assez considérable sur une hauteur d’environ trois mètres, par les kunas eux-mêmes. Pour agrandir la superficie de certaines iles, mais aussi pour réaliser des murets de protection contre les vagues, ils ont, au fil des années, prélevé des quantités importantes de coraux pour effectuer ces travaux.

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   Devant cette situation, les kunas projettent le déplacement volontaire de leurs communautés sur la terre ferme, et les dirigeants essaient de convaincre les gens de leur peuple de la nécessité de le faire. Un délai a même été établi pour cela.
   Lors d’une conférence à laquelle j’ai assisté récemment, à l’Institut Smithsonian, il m’a été confirmé que d’ores et déjà, quatre iles avaient décidé de réaliser cet exode tout prochainement.
   "Nous devons chercher comment peut être réalisé ce processus, de la manière la plus réaliste, la plus efficace, et au moindre coût possible", a expliqué González, indiquant qu'il existe déjà un projet de plan pour "un remaniement côtier" de Kuna Yala. Le gouvernement britannique aurait paraît-il proposé de participer financièrement à ce projet.

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