Oiseaux du Panama, les colibris (article 1)

Publié le par michel-lecumberry

  A les voir ainsi, si petits, voleter auprès des fleurs pour subtiliser leur nectar nourricier, certains les appellent "oiseau-mouche". Il faut dire que le plus minuscule d’entre eux mesure 5 cm et pèse 2 grammes… il est cubain, c’est le colibri d’Elena ! Sur l’ile, on le surnomme  zunzuncito *1
  Ici, au Panama, on les appelle aussi "picaflores", comme s’ils passaient leur temps à piquer les fleurs*2, alors qu’ils les adorent...

Photo d’un colibri cyanote (Colibri cyanotus) - Oiseaux du Panama. Photo of a Lesser Violietear. Birds of Panama
Colibri cyanote (Colibrí cyanotus)

  C’était un animal sacré des Mexica (Aztèques), il les aurait guidés vers la cité mythique d’Aztlan. Une autre ethnie précolombienne de la Caraïbe pensait qu’il avait apporté le feu aux hommes ou une autre encore, qu’il avait semé la vie sur la terre…
  De ce fait, au niveau cosmogonique, ces oiseaux occupaient une place importante à l’époque précolombienne.

Photo d’un colibri Ariane d’Edward (Saucerottia Edward)- Oiseaux du Panama. Photo of a Snowy-bellied Hummingbird - Birds of Panama
Ariane d’Edward (Saucerottia Edward)

  Sa famille c’est Trochilidae, une famille nombreuse d’environ 340 espèces, toutes présentes exclusivement sur les continents américains, dont 61 au Panama. Il me reste du boulot si je désire toutes les observer et les photographier, sans compter que certaines espèces se réduisent à des colonies réduites sur des territoires limités, parfois perdus dans la forêt vierge du Darien ou en montagne...

Photo d’un colibri Ariane a ventre gris (Amazilia tzacatl) - Oiseaux du Panama. Photo of a Rufous-tailed Hummingbird - Birds of Panama
Ariane à ventre gris (Amazilia txacatl)

  Sans connaitre les détails de son anatomie, à première vue il apparait que ce petit spécimen n’a rien à voir avec les autres oiseaux du globe.
  Pour vous donner une idée, vous achetez à Mr Dassault un Rafale (quelques 100 millions d’€, quand même…) et chez Airbus-Helicopters une version, civile ou militaire à votre convenance, ensuite, placez les deux engins dans votre garage et attendez qu’ils s’accouplent. Les performances du fruit de leurs amours ressembleront beaucoup à celles de nos petits amis. Le colibri est le seul oiseau capable de voler en arrière, il peut faire du vol stationnaire ou se déplacer en piqué-vrillé-renversé au milieu d’une dense végétation à près de 100 km/heure ou encore faire des loopings…

Photo d’un colibri de Delphine (Colibri delphinae) - Oiseaux du Panama. Photo of a Brown Violetear - Birds of Panama
Colibri de Delphine (Colibri delphinae)

  Quelques informations "techniques" du petit bolide à plumes.
 A la différence de toutes les autres espèces d’oiseaux du globe, leurs ailes sont rattachées au corps par une rotule extrêmement souple permettant un mouvement à 180° ! En vol, l’articulation fait comme des huit, parfois circulaires, parois ovales et, excusez du peu, 80 fois par seconde, jusqu’à 200 fois en vol piqué…
  Ils ont un "cœur gros comme ça", 2,5 % de leur poids ! Chez les humains, c’est environ 0,40%.
  Les muscles pectoraux, le moteur des ailes, atteignent près de 30% de leur poids (imaginez, c’était à peine 6% pour Schwarzenegger, du temps de ses 7 titres de M. Olympia).

  Entre 300 et 500 respirations et jusqu’à 1000 battements de cœur par minute.
Bref, s’il le voulait, il serait mentionné x fois dans le Guinness World Records.

  Comme si toutes ces extraordinaires caractéristiques n’étaient pas suffisantes, des chercheurs américains ont découvert récemment que les colibris possèdent un type de cônes photorécepteurs supplémentaire dans la structure de la rétine. Ils peuvent donc distinguer des couleurs que l’œil humain n’est pas en mesure de voir *3.

Photo d’un colibri Ariane d’Edward (Saucerottia Edward)- Oiseaux du Panama. Photo of a Snowy-bellied Hummingbird - Birds of Panama
Ariane d’Edward (Saucerottia Edward)

  Afin d’alimenter cette merveilleuse mécanique emplumée, le colibri doit consommer quotidiennement l’équivalent de son poids. En grande majorité du sucre, trouvé dans le nectar des fleurs, il en visite près de 1000 par jour... Il mange également de petits insectes qui lui apportent les protéines nécessaires.
  Se nourrissant une dizaine de fois par heure, par séquences d’une minute maximum, il passe donc quelques 70% de sa journée perché, à se reposer. C’est le seul usage qu’il fait de ses pattes, sauf à se gratouiller si quelque chose le démange, mais il ne s’en sert jamais pour marcher.

  Pour passer la nuit, sans alimentation, le petit phénomène volant se met en léthargie, ralentissant sa respiration, les battements de son cœur et laissant sa température corporelle baisser de 40° à 21° Dans cet état, il est très vulnérable, incapable de réactions, même en présence d’un prédateur.

Photo d’un colibri Mango de Veraguas (Anthracothorax veraguensis) - Photo of a Veraguan Mango - Birds of Panama
Mango de veraguas (Anthracothorax veraguensis)

  Quelques espèces, pour entreprendre de grandes migrations, emmagasinent de la graisse, jusqu’à 50 % de leur poids, avant le départ.
  Ici, au Panama, une seule espèce est migratrice, le beau Colibri à gorge rubis (Archilochus colubris). Il va passer l’été, et nicher, au Canada, à des milliers de kilomètres ! Il a été rapporté que ce colibri traverse d’une traite les 800 km du Golfe du Mexique, à l’aller et au retour.

Photo d’un colibri à gorge rubis (Archilochus colubris)- Photo of a Ruby-throated Hummingbird) - Birds of Panama
Colibri à gorge rubis (Archilochus colubris) ♀ (gauche) ♂ (droite)

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Notes :
*1- « zunzuncito », textuellement "le petit zunzun", onomatopée rappelant le bruissement des battements ultra-rapide de ses ailes.
*2- Celui qui pique la base des fleurs, c’est plutôt son concurrent dans la recherche de nectar, le Perce-fleur ardoisé (Diglossa plumbea). A l’inverse des colibris, cette espèce n’a donc pas de fonction pollinisatrice. (voir photo ci-dessous)
*3- Selon les chercheurs, cette capacité à discerner les couleurs non spectrales, comme les longueurs d’onde ultraviolettes, pourrait jouer un rôle essentiel dans de nombreux aspects de leur vie. 
Voir article:
 https://dailygeekshow.com/colibri-perception-couleur/)

Photo d'un Perce-fleur ardoisé (Diglossa plumbea) au Panama
Perce-fleur ardoisé (Diglossa plumbea)

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