Escapade au Pérou. Machu Picchu, le 21 juin, une journée (très) particulière.

Publié le par michel-lecumberry

   Lever 3h du mat’. L’hôtel d’Aguas Calientes*1, sympa, nous a préparé hier un lunch-box et il a une cafetière électrique compatissante dans la chambre… Dix minutes à pied, naseaux exhalant de fragiles vapeurs , il s’agit d’arriver à la gare routière vers 4h pour embarquer dans la première navette. Patiente attente dans la froidure matinale, partagée joyeusement avec quelques jeunes routards. Le petit bus vert décolle à 5h et attaque les lacets de la montée vers le site.

Encore un petit brin d’attente dans la file des premiers visiteurs, la plupart montés à pied dans la nuit. Les portes s’ouvrent, sur présentation du ticket d’entrée, à 6h. On m’avait annoncé la présence possible de chaises roulantes pour mon ami Jean, fausse info. Je l’abandonne pour un temps près de la Maison des Agriculteurs, confortablement assis, face au Wayna Picchu, on se retrouvera plus tard pour nous balader dans le site. Je fonce vers le Mirador, enfin foncer… faut pas exagérer non plus. La montée est des plus rudes, les haltes, pour retrouver un peu d’oxygène afin de calmer les brulures pulmonaires, cassent un peu le rythme.

   6h35- Je suis à poste pour les premières photos du site. Un banc de ouate légère s’en vient traverser la cité Inca, le silence est tel que l’on croit l’entendre voler. Le petit groupe de courageux, venus surement d’un peu partout dans le monde pour prendre ce direct au foie, ne pipe mot. Je pressens qu’au même endroit, dans une heure ou deux, il n’en sera plus de même…
  
Je dispose de 15 minutes pour encaisser l’émotion, puissante. Taper quelques clichés pour les flash-back futurs. Puis redescendre, sans trainer, pour atteindre une corniche surplombant, du plus près possible, le Temple du Soleil. C’est là que le spectacle doit se dérouler. Seul un jeune backpacker Anglais et un chinchilla semblent pour le moment connaitre l’info… Le british, sympa, déjà en place sur la corniche et le petit poilu, qui vu de loin doit être tout aussi sympa, assis à même la scène du théâtre. Le premier, consultant son petit carnet manuscrit où j’aperçois, durant notre timide conversation, quelques abaques aux chiffres abscons. Le second, se demandant s’il ne vaudrait pas mieux remonter vers notre loge. Tout compte fait c’est ce qu’il fera, tout en restant un peu à l’écart des intrus, regard vers le Temple, attentif initié.

   Le site est toujours en éclairage basse intensité, mais l’on flaire déjà l’arrivée imminente de la lumière du dieu Inti*2. En contrebas, quelques grappes de touristes commencent à défiler, agglutinées aux basques de porteurs de fanions aux couleurs voyantes. Bien loin de cette animation, seules deux ou trois personnes ont rejoint discrètement la corniche, nous guettons la crête de la Montagne Sacrée qui nous fait face. De là jaillira la lumière divine.
  
Confirmant l’exactitude des abaques de mon copain éphémère, le premier rayon déborde à 7h25 pour illuminer, sur la gauche, le flanc supérieur du Wayna Picchu.

   A 7h28, Inti commence à inonder le site et s’immisce alors par l’ouverture pratiquée pour son arrivée dans la paroi de pierres taillées qui l’espérait. Incendiant d’un lumineux rectangle la table de pierre du Temple, il dessine là quelque chose d’invisible pour nous : le premier jour de l’année du calendrier Inca ! Horloge cosmique. Instant magique, tellement éloigné de nos montres à quartz et autres calendriers Pirelli*3

   J’entreprends de remonter vers le Mirador, de minute en minute, de lacet en lacet, le souffle se fait plus court, le sac de plus en plus lourd, on n’a rien sans rien.
   Le site, maintenant inondé de soleil, a changé, il me semble que moi aussi… C’est certain, je verrai différemment les 21 juin à venir*4.

Sacrifice du lama, lors de l'Inti Raymi (la fête du soleil) à Cusco
Notes :
*1- Aguas Calientes est l’étape obligatoire pour disposer d’une journée complète sur le site du Machu Picchu. On ne peut y venir que par le train. Pour info, l’hôtel choisit c’était Gringo Bill’s. Bonne adresse, en plein centre tout près de la gare du train, du terminal des navettes et des restaurants.
*2- Inti, le soleil en langue Quechua. Inti Raymi, la renommée fête du soleil, se déroule chaque année le 24 juin à Cusco.
*3-  Fallait bien en choisir un au hasard, (contre) publicité non payée…
*4- Notre solstice d’été mais le solstice d’hiver, le jour le plus court, pour l’hémisphère sud. 

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Publié dans Mes voyages ailleurs

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C
Merci pour ces infos, je vous ai contacté par MP sur messenger facebook. J'espère pouvoir avoir le plaisir de faire votre connaissance, de vous rencontrer un jour. Je projette également un voyage sur le Macchu.<br /> Cordialement à vous.
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J
Quel lieu mythique! Un régal de le découvrir. Il est encore gravé dans ma mémoire.
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M
Bonjour Jérôme, merci de votre lecture du blog et de votre commentaire. Bien cordialement. Michel