Corpus Christi 2012 à la Villa de los Santos (Panama) - Le retour
L’an dernier, pour assister à la fête du Corpus Christi à La Villa de Los Santos, j’arrivais au village vers 9 heures et devais en repartir dans l’après-midi. Content toutefois de disposer de cette trop courte journée, un peu coincée entre deux balades d’accompagnement aux îles San Blas, pour admirer les superbes tapis de fleurs et la procession des Danzas*1.
La population de ces contrées, j’ai déjà eu l’occasion de le préciser, est chaleureuse et amicale. A les écouter lors de sympathiques discussions, j’eus vite fait de me rendre compte que cet aller-retour trop rapide me laisserait sur ma faim. On me parlait souvent, avec des étoiles dans les yeux, de la fameuse "Búsqueda del Torito"*2 qui se déroule avant le lever du jour et aussi des Danzas. Certes je les verrai défiler, mais on m’indiquait qu’ils n’expriment leurs traditionnelles chorégraphies que dans les propriétés privées où ils sont invités dans la soirée.
Je quittais Los Santos la besace pleine de très colorés souvenirs et de quelques photos, un peu frustré quand même. Promis, je reviendrai !
C’est chose faite, jeudi dernier pour le Corpus Christi 2012. Arrivé la veille et reparti le lendemain j’ai pu assister et participer à la totalité des manifestations.
La veille en fin d’après-midi, je retrouve sur place mon copain Nicolas, le sympathique et talentueux rédacteur du Petit Futé Panama. Le "Voyager", hostal pour routards, est fermé pour cause de réfection. Qu’à cela ne tienne, Guadalupe, la dynamique propriétaire, n’a rien à refuser à Nico qui recommande ce point de chute depuis des années. Nous logerons dans un petit cocon improvisé au milieu du fouillis d’un véritable bric-à-brac improbable. Disons-le carrément, un véritable chantier. Mais la gentillesse de "Lupe" est légendaire*3, le home reste chaleureux tout plein. Le séjour commence on ne peut mieux !
Jeudi, quatre heures du mat’ ! Il me semble entendre le clairon dans la chambrée du lointain service militaire… Ce n’est que la musicale sonnerie d’un cellulaire mais l’effet est le même, tant la nuit fût courte et maintes fois saucissonnée par le tonnerre des feux d’artifices à répétition. Nous partons à la recherche du Torito. Le village n’est pas bien grand. L’animal de tissu galope en bruyante compagnie, nous aurons sûrement vite fait de retrouver son joyeux tintamarre. Comme sioux pourchassant quelque bison, il nous faudra traverser parfois des lambeaux d’un brouillard odorant. L’aigreur des fumées de pyrotechnies désordonnées se mêle aux vapeurs alcoolisées qui s’échappent des bataillons de canettes agonisantes sur le bitume déjà chaud.
Brisons là le terrible suspens ! Bien sûr nous retrouverons le mythique encorné et le suivrons, tâchant d’éviter ses charges redoutables…
De s’être trouvé sur place avant le lever du jour va nous permettre d’assister ensuite au début de l’élaboration des tapis de fleurs, baignés que nous étions par une belle lumière un peu irréelle. Et puis, cerise sur le gâteau, une incroyable rencontre au cours du joyeux foutoir de la "Búsqueda" nous permettra d’être invités le soir dans une maison privée pour assister aux évolutions de plusieurs Danzas. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit-on…
Je vais donc vous conter prochainement les divers épisodes de cette incroyable journée.
Notes :
*1- article sur les Danzas
*2- traduction : la recherche du torito ("personnage" d’une des danzas représentant un toro)
*3- Guadalupe, avant de s’installer dans ce petit village, a tenu pendant des années un hôtel pour routard au centre de Panama. Il y a environ 10 ans, je naviguais alors dans les parages et fréquentais ce repère de grands voyageurs lorsque je devais séjourner dans la capitale. "Lupe" a d’ailleurs conservé jalousement l’exemplaire de mon petit livre sur les Kunas laissé à l’époque pour que les routards puissent le consulter avant de se rendre sur les îles San Blas.