Café du Panama. A la découverte des meilleurs cafés du Monde. 3/ Boquete, berceau des champions
Encore sous le charme de ce premier jour de voyage hors sentiers battus, nous allons maintenant rejoindre pour quelques jours la province du Chiriquí, plus précisément la ville de Boquete, berceau des cafés champions du monde.
Depuis quelques années, la presse panaméenne publie avec fierté les résultats des concours nationaux et internationaux de cafés, ainsi que les records atteints dans les ventes aux enchères internationales : la variété geisha de la région de Boquete truste toutes les premières places. D’autres variétés d’arabicas cultivés dans cette région de volcans sont également considérées comme parmi les meilleures du monde.
Hélas pas possible de trouver et de déguster ces cafés au Panama, toute la production part à l’exportation, Japonais et Étasuniens raflant la mise. Pour donner une idée, ces deux dernières années lors des ventes aux enchères, le geisha de la Finca Esmeralda*1 s’est adjugé entre 180 et 240 $ la livre… Et il faut encore le transporter, le traiter, le torréfier, l’empaqueter et le distribuer. Essayons d’imaginer le prix que doit payer un amateur nippon pour boire sa tasse de geisha bien installé devant son écran plat pour regarder un vieux chef d’œuvre d’Akira Kurosawa. Quant à imaginer ce prix si la tasse de porcelaine fine lui est servie par une geisha de renom relève là de l’impossible…
Jusqu’à ces derniers mois, nageant encore au beau milieu de mon lac d’ignorance, à la lecture de ces articles de presse je pensais, un peu naïvement, que le nom de ce champion du monde "boqueteño"*2 était à rapprocher du fait que les japonais s’arrachent ces grains à prix d’or. Je me demandais également si, comme pour l’attribution d’un concours littéraire (au hasard le Goncourt…), la seule qualité induit le résultat. Heureusement, la présence près de moi d’un grand expert durant ces prochains jours va m’aider à me rapprocher de la rive salvatrice.
Paul Dequidt qui depuis son premier voyage ici en 2007, achète des cafés de la Casa Ruiz*3, m’indique tout d’abord que cette variété tient son nom de la région d’où les plants sont originaires : une montagne d’Ethiopie. Ils seront au début importés au Kenya puis en Tanzanie, de là au Costa Rica et enfin dans la région de Boquete. J’aurai ensuite des informations sur le commerce du café, les cours mondiaux et les variations de prix dus à la loi de l’offre et de la demande lors des ventes aux enchères. Les japonais devenus tardivement des consommateurs de cafés, se ruent de nos jours sur les qualités dites "gourmets" surévaluant le geisha aux dépens des autres excellentes variétés d’arabicas de la région.
Pour en savoir beaucoup plus, grande est mon impatience d’atteindre les caféiers qui habillent de verts mêlés les pentes des volcans du Chiriquí. L’avion de ligne devant nous déposer à David, la capitale de cette province, n’est programmé que pour cet après-midi. Ce matin nous aurons le temps d’aller flâner dans les ruelles du Casco Antiguo, le quartier colonial de la capitale en voie de restauration, déjà digne d’avoir rejoint la liste des sites classés dans le Patrimoine Mondial de l’Unesco.
Quelques photos souvenirs plus tard, direction l’aéroport des vols intérieurs. A l’arrivée une voiture de location nous attend pour nous permettre de rejoindre la Finca Lérida à Boquete. L’hôtel se prélasse, allongé dans les fleurs, au milieu de la plantation, 100 hectares de caféiers à flanc de montagnes, habités par 550 espèces d’oiseaux. Au cœur de ce paradis pour amateurs de "bird watching", la nuit sera fraîche et réparatrice, nous sommes à plus de 660 m d’altitude et tellement loin des bruits de la capitale.
Demain premier rendez-vous, première visite pour la Casa Ruiz.
Notes :
*1- finca, (biens, propriété) à prendre ici dans le sens de "Propriété agricole"
*2- Boqueteño (pron. boquétegno) habitant de la ville de Boquete ou de sa région.
*3- Paul Dequidt Torréfacteur SA, achète depuis 2008 deux containers par an des meilleurs cafés de la Casa Ruiz. Un des buts du voyage est d’essayer d’en obtenir davantage.
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