Une famille de voyageurs découvre le Darién du Panama (4) Une journée sur le Chucunaque

Publié le par Michel Lecumberry

  Au programme de ce troisième jour, une autre exploration en bateau. Cette fois nous allons naviguer sur un tronçon du Río Chucunaque. C'est le plus long fleuve du Panama (231 km), il se jette dans le Río Tuira, deuxième plus long, lequel se déverse dans le Golfe de San Miguel. Avec le Río Balsas ils forment le bassin hydrographique le plus important du pays soit près de 11000 km2. Et tout cela en pleine forêt équatoriale, difficile de décrire l'ampleur et la beauté sauvage des paysages offerts par ces grands fleuves.
 
Je vais quand même essayer, en commentant quelques photos, de retrouver l'ambiance de cette longue balade en pirogue à moteur.
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  En arrivant au point de départ, nous nous sommes immédiatement rendu compte, à la vue de la couleur et du niveau élevé du fleuve, que durant la nuit qui a précédé notre exploration, d'abondantes pluies ont dû arroser la Sierra del Darién où il prend sa source. Le courant ne va pas faciliter le parcours de notre pirogue et les parties sablonneuses, où généralement les crocos aiment siester au soleil, s'en trouveront réduites. Mais la dextérité et le dévouement de notre piroguier me permettront de lui demander deux ou trois fois de faire un demi-tour pour prolonger une observation d'animaux. A l'avant, Lincoln, le guide Embera du lodge qui nous accompagne depuis hier matin, va manier la perche avec beaucoup de dextérité pour aider à ces difficiles manœuvres. Sa connaissance du milieu naturel, qui peut vite devenir hostile, et sa vista nous seront indispensables tout au long de ces deux journées. Jovialité et sympathie naturelles en font aussi, il faut le dire, un compagnon d'explorations idéal.
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  C'est parti, nous avons deux heures pour atteindre la case d'un autochtone riverain perdu au milieu de nulle part. C'est là, en pleine forêt vierge, que nous mettrons pied à terre pour le pique-nique de mi-journée et pour faire une marche d'observation de la faune et de la flore. Moteur au ralenti, juste ce qu'il faut pour la diriger, l'étroite et longue pirogue file rapidement portée par le courant. Il faudra être aux aguets et avoir l'œil vif pour repérer les animaux et, si possible… les photographier. Sur l'ensemble du trajet nous n'apercevrons qu'un seul petit hameau de huttes, des Emberas, mais la moyenne entre deux observations des représentants de la faune extrêmement variée ne dépassera jamais cinq minutes, sans tenir compte de la présence continue de certains oiseaux tels que les cormorans ou les hérons. Nous aurons droit à un magnifique échantillon de ce que peut offrir la jungle, des impressionnants caïmans au plus gracile et rare "héron coiffé".
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  Le nombre d'observations nous met un peu en retard sur le programme. Aussi, l'arrivée chez notre hôte pour le pique-nique est-elle saluée avec plaisir par l'ensemble de la troupe légèrement affamée. Le cadre du "restaurant" ne dépare en rien la beauté sauvage de l'environnement.  
resto1resto2resto3    Pas trop le temps d'user les rustiques hamacs, il faut rentrer en forêt. Des surprises nous y attendent. Au pied des grands arbres un beau serpent vert, les yeux plus gros que le ventre, lutte quelques minutes avec un gros crapaud. Sous le regard soulagé des explorateurs en herbe, le gros lourdaud finit par s'échapper, légèrement sonné, laissant fort marri son beau prédateur. Des, singes hurleurs et ouistitis, animent les frondaisons d'où s'envolent parfois de beaux emplumés. Et puis des papillons, et puis de minuscules batraciens et puis… et puis…
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  Retour sur la pirogue, cette fois pour lutter contre le courant. D'autres observations égratigneront davantage notre feuille de route. Michel, qui guide par ailleurs Vincent, son photographe-reporter, ne nous trouvant pas au rendez-vous de l'embarcadère, inquiet, fait route vers nous. C'est donc de concert que nous ferons la fin du voyage. Soudain, devant nous, sa pirogue s'arrête net sous un arbre, à portée de main un magnifique boa roupille enroulé dans sa torpeur. Cela n'a pas échappé à l'œil acéré du jeune indigène qui veille à l'avant. Bon, Michel ne peut résister à l'envie de nous présenter l'engin… Petite animation à bord des instables embarcations, le bel endormi n'a pas trop envie de se laisser saisir. Mais l'homme au chapeau de brousse ne rend pas les armes facilement et exhibe bientôt sa proie provisoire. Les photographes, professionnel et amateurs, gèlent la scène pour la postérité.
pirog2serpent5serpent3Vous imaginerez sans peine que les conversations du soir, accompagnées de quelques drinks de réconfort, se soient prolongées un peu…

  Pour les lecteurs intéressés, voici quelques identifications des animaux photographiés, de haut en bas:
1- Caïman à lunettes (Caiman crocodilus)
2- Garrapatero Mayor (Crotophaga major)
3- Iguane vert (ou commun) au bain (Iguana iguana)
4 et 5- Cormoran vigua (Phalacrocorax brasilianus)
6- Iguane noir (Ctenosaura quinquecarinata)
7- Héron coiffé (Pilherodius pileatus)

En forêt:
8- Pic de Malherbe (Campephilus melanoleucos)
9 et 10- Oxybelis fulgidus. Le crapaud pas identifié
11- Milan à queue fourchue (Elanoides forficatus)
12- Pinché à nuque rousse ou Tamarin de Geoffroy (Saguinus geoffroyi)
13- Petit amphibien Rhinella Margaritifera
14- caligo sp appelé "Papillon hibou"
Le serpent exhibé par Michel Puech est un boa de Cook

(A suivre)
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Publié dans Tourisme au Panamá

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