Les bus de Panamá: les "diablos rojos"

Publié le par Jean-Pierre Brion

   Au Panamá, comme dans beaucoup d’autres pays d’Amérique latine, circule une flotte de bus dont les carrosseries sont agrémentées de peintures, il s’agit ici du "recyclage" de bus scolaires réformés provenant des USA.

bus4    Les décorations sont exécutées dans trois garages où œuvrent des peintres spécialisés. La majorité de ceux-ci sont issus de l’école des Arts et se consacrent à cette activité pour répondre à une demande importante qui leur permet d'avoir des revenus réguliers.

   J’ai visité l’un de ces ateliers en 2006 alors que j’accompagnais une équipe du tournage d’un documentaire sur le Panama**. Celui-ci avait pour sujet le périple d’un groupe de touristes en visite dans notre pays. Nous avons quadrillé tout le territoire à la recherche de scènes typiquement panaméennes.

bus5    Ayant obtenu un rendez-vous avec le patron d’un atelier de peinture nous avons assisté à la peinture d’un bus, celle-ci se fait à l’acrylique et à l´aide d’un aérographe.

bus3    L’artiste dessine d’abord un projet au crayon, ensuite il commence la peinture du fond, peint les surfaces les plus grandes et termine par les détails. La réalisation d’un sujet peut prendre de deux à plusieurs heures suivant la grandeur et le type de sujet.

    bus8     La peinture complète d’un bus, intérieur et extérieur, peut durer de deux à trois semaines, le coût varie entre 500 et 800 dollars.

    La totalité de la carrosserie est peinte de couleurs très chatoyantes.

   Sur les cotés de ces bus qui roulent sur toutes les routes du Panamá, on peut trouver des “tableaux” en format panoramique ou des séries de héros de bandes dessinées. La porte arrière est ornée d’un portrait. La boite de la batterie est décorée d’un dessin qui évoque l’électricité: des zébrures, des éclairs, des torses musclés ou des gueules de chiens féroces d’où sortent des éclairs.

bus6     Le portrait de la porte arrière représente des artistes du showbiz, panaméen ou étranger, des chanteurs, des musiciens, quelquefois un personnage historique. J’ai vu un bus avec le portrait du dictateur Torrijos, d’autres avec des portraits religieux de saints ou de papes. On peut parfois y voir des bustes de femmes dénudées style Play Boy. A vous de choisir. Ces bus sont aussi décorés de slogans religieux, ou plus terre à terre, souvent machistes.

bus2     L’intérieur de ces véhicules est agrémenté, sur la carrosserie située au-dessus du pare-brise qui fait face au conducteur, de peintures se rapportant à la religion, avec une prédilection pour la "Dernière Cène".

    Une autre caractéristique des diablos rojos réside dans leurs illuminations. Là tout est permis; lampes flash, guirlandes de Noël de toutes les couleurs ou encore néons multicolores.

    Je ne veux pas passer sous silence, c’est le cas de le dire, le bruit des klaxons, des pots d’échappement et des baffles d’où se déversent des tonnes de décibels.

    bus1    Ces bus font la joie des touristes qui ont l’occasion d’y faire une promenade nocturne organisée par des agences de voyages, mais sont maudits par les Panaméens.

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  Sachez aussi que le nom “diablos rojos” (les diables rouges) vient du fait que lors de leurs mises en circulation, il y a quarante ans, ils étaient tous de couleur rouge. Ensuite vu la manière de conduire des chauffeurs, le public les a assimilés aux diablos rojos du folklore de la côte atlantique.

    Pour terminer je dois vous dire que leur disparition est annoncée pour 2010. Le gouvernement ayant décidé de mettre de l’ordre dans les transports publics de la capitale.

 

 

 

*Ces artistes devront se reconvertir très vite vu la future disparition des diablos rojos

** Le documentaire tourné par Pierre-Henry Salfati a pour titre "Six jours au Panamá" et a été diffusé sur la chaîne Arte en 2007.

Publié dans Panamá - au quotidien

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